30 Décembre 2009
L’année qui s’achève est profondément marquée par la crise. Décroissance de plus de 2%, chômage en forte augmentation, dégradation record des comptes publics et de l’endettement ; le bilan
ne laisse pas d’inquiéter. Que l’impact de la crise ait été plutôt plus faible en France que chez nos principaux voisins ne doit pas forcément nous rassurer. L’inertie à la baisse liée à notre
dépense publique plus élevée risque fort de se reproduire aussi à la hausse. Bien heureusement nous ne manquons pas d’atouts pour nous adapter aux évolutions du monde et permettre à chacun de
s’épanouir. Il suffit juste de ne pas se tromper de stratégie collective. Les pièges à éviter sont nombreux. De nouvelles illusions prospèrent qui vont forcément rendre plus difficile les choix à
faire.
La première décennie du siècle est si l’on en croit les scientifiques la plus chaude sur terre jamais enregistrée, soit depuis 1850. L’activité humaine et les émissions de gaz à effet de serre n’en sont sans doute pas les seules responsables, mais elles y contribuent à coup sûr.
Si le phénomène continue, les conséquences à relativement court terme seront désastreuses pour l’humanité. D’autres paramètres dans l’univers sont autrement plus déterminants encore pour la pérennité de l’espèce humaine, mais le pas de temps est incomparable avec ce qui nous préoccupe aujourd’hui. Selon la communauté scientifique il faudrait une réduction drastique des émissions de CO2 sur toute la planète pour contenir à l’horizon de 100 ans le réchauffement à 2°C. La question de savoir comment l’humanité peut y parvenir se pose donc avec acuité. Doit-elle faire le choix de contraintes et de restrictions douloureuses immédiates et durables ? Doit-elle plutôt investir plus massivement dans la recherche et la technologie pour continuer de croître tout en étant neutre sur le climat ? Faut-il agir sur ces deux aspects conjointement ? Mais la question à laquelle il faut répondre au préalable c’est de savoir si l’humanité dans sa grande majorité a la volonté de se donner des contraintes très supérieures à court terme pour des objectifs qui concernent les générations futures.
On a vu à Copenhague que ce ne n’est pas gagné d’avance.
Il me semble qu’il est plus nécessaire que jamais de ne pas se fier aux attitudes de nos concitoyens mais bien à leur comportement. Et de ce point de vue là tout indique que la demande de croissance est toujours forte. Et dans ce cadre, les réductions d’émissions de gaz à effet de serre ne se feront que dans la mesure où les moyens à mettre en œuvre ne seront pas un handicap à notre compétitivité. Cette réalité est la même sur toute la surface du globe. Les progrès ne seront donc possibles que par des progrès scientifiques, des innovations technologiques et surtout des normes internationales respectées par tous. Autant dire qu’il va continuer de faire chaud encore quelque temps.
Pour bien comprendre ce que je veux exprimer, on peut faire un parallèle avec le dossier du financement des futures retraites. Les données sont bien mieux maîtrisées que celles du réchauffement climatique et l’échéance difficile pour les générations futures est bien plus proche. Et pourtant chacun est toujours prêt à se mobiliser contre les adaptations connues et nécessaires. C’est pourtant de nos propres enfants dont il s’agit en termes d’impact direct. Si nous manifestons une telle réticence ou résistance au changement dans ce domaine on imagine ce que cela va être pour le réchauffement climatique. En aucun cas nous ne consentirons des restrictions volontaires supérieures à ce que les citoyens des autres pays accepteront si cela doit pénaliser notre croissance et notre pouvoir d’achat. Les exemples sont nombreux qui corroborent cette réalité. Les élus veulent toujours plus de ressources pour les collectivités qu’ils gèrent afin de rendre plus de services, les salariés attendent une amélioration de leur pouvoir d’achat et une progression de revenus dans leur carrière, les chefs d’entreprise sont mus par la recherche de développement de leurs activités, tout le monde veut toujours plus tout en réduisant autant que faire se peut le temps de travail grâce à des gains de productivités pourtant toujours plus durs à obtenir. On ne peut donner satisfaction à tout le monde qu’avec une croissance suffisante qui nécessite la consommation frénétique d’énergies fossiles tant qu’il y en a. Cet objectif ne peut être atteint qu’en étant compétitif avec les autres pays avec qui l’on échange. Alors la baisse des émissions de CO2, ce sera quand on n’aura pas d’autres choix et si tout le monde le fait.
J’apprends au moment où j’écris ces lignes que la taxe carbone qui devait entrer en vigueur le 1er janvier vient d’être retoquée par le conseil constitutionnel. Dans son souci de ne pas obérer la compétitivité des entreprises les plus polluantes dont les quotas carbone seront payants dès 2013, de ne pas pénaliser l’agriculture et le transport routier tout autant que certaines catégories de consommateurs, le gouvernement avait prévu toute une série de compensations et d’exonérations qui ont fait réagir les sages. Voilà une nouvelle illustration de la quadrature du cercle. Comment instituer une taxation dont le but est de modifier nos comportements sans pénaliser la compétitivité de notre économie et se mettre à dos une large majorité d’électeurs. Parce que si presque tout le monde sait qu’il y a lieu de modifier nos comportements pour en infléchir les méfaits sur le climat, chacun considère que pour des tas de raisons très louables il ne doit pas être personnellement pénalisé. Le représentant des consommateurs ne disait pas autre chose à la radio ce matin. Il est favorable à une taxe carbone à la seule condition qu’elle ne pénalise pas les consommateurs.
C’est une constante que de penser que les responsabilités face à une difficulté particulière sont à rechercher en dehors de soi-même. La motivation pour des mesures contraignantes s’exprime toujours beaucoup plus vigoureusement lorsqu’elles sont destinées à d’autres qu’à ceux qui les demandent.
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » disait Ghandi. Je ne me lasse pas de ce rappel de notre liberté, de notre responsabilité individuelle, de la nécessité d’être cohérent avec les choix que l’on professe et de l’effet papillon que l’on peut en attendre.
Cette citation a été reprise sur la carte de vœux du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques que je viens de recevoir.
A mon tour je vous adresse tous mes vœux pour 2010 de bonne santé, de bonheur, de réussite pour vous et pour tous ceux qui vous sont proches. Je nous souhaite aussi à tous d’être le changement que nous voulons voir dans le monde.
En écrivant ces quelques lignes je pensais aux paroles d’une chanson de Greame Allwright qui me trottent dans la tête depuis la fin des années 70. Elle s’intitule « ballade de la désescalade ». J’y pense souvent comme une possibilité évidente, mais je remets pour l’instant encore, toujours à plus tard cette ballade.
Google me l’a retrouvée et vous pouvez l’entendre en cliquant ici. ou sur l'article suivant. (Patience ça peut prendre un peu de temps à charger)
En voilà les paroles :
Ecoutez la ballade de la désescalade
Il n'est pas trop tard pour commencer
Plus toutes ces salades qui retardent
La venue du jour de clarté
Partons à la croisade de la désescalade
Avis à tous ceux qui veul'nt monter
Pour sortir de la panade, des frites et des grillades
Un peu moins chaqu' jour, et c'est gagné
Tous les jours c'est la guerre des nerfs
Tous les jours sur cette bonne vieille terre
Sur les prairies de la Normandie
Les vaches machent et les vaches chient
Et dans les bistrots du vieux Paris
On en fait autant avec esprit
Dans les yeux où l'rouge et le jaune se mêlent
On commente les tout's dernières nouvelles
La douce sérénade, de la désescalade
Contre la fanfaronnade de l'absurdité
La désescalade, pourquoi est-ce qu'on tarde ?
Qu'est-ce qu'on attend pour commencer ?
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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