18 Mai 2008
Je devrais sans doute me réjouir de l’audience grandissante d’Olivier Besancenot, la nouvelle icône de la révolution totalitaire en France. Grâce à lui, comme avec Le Pen en son temps pour la droite, la gauche de gouvernement aura de la peine à réunir une majorité d’électeurs pour accéder au pouvoir. Mais je ne peux pas à la fois m’engager pour une société apaisée et harmonieuse, qui repose sur le droit et le contrat et où la liberté de chacun est garantie, et dans le même temps accepter que cette autre forme de populisme prospère aussi insidieusement.
Après avoir longtemps hésité, j’ai eu envie de lire l’essai de Bernard Henri Lévy, « ce grand cadavre à la renverse », qui vient d’être publié en livre de poche. Certains soirs je m’endors assez vite après le départ du TGV. Grace à BHL et sans doute aussi à la présence dans le compartiment d’une bande de joyeux lycéens en partance pour le long week-end à Arcachon, je suis resté très éveillé. L’un des chapitres du livre s’intitule « le libéralisme, voilà leur ennemi ». Je l’ai lu et relu pour bien saisir les subtilités de la démonstration qu’il fait de l’inspiration plus que malsaine de l’antilibéralisme ambiant. Celui-ci est en effet à contre courant des principes qui ont permis l’émancipation des hommes. Si la tendance primitive permanente des individus et des groupes est de se protéger égoïstement de toute forme de concurrence aux dépens d’autrui, c’est en revanche le sentiment humaniste qui nous fait tendre vers un libéralisme contre nature et à ses exigences de respect de la liberté de chaque individu et de ses droits. La caricature perverse faite avec beaucoup de succès au libéralisme traduit en fait une volonté régressive permanente de préservation de chacun contre l’existence de l’autre. BHL ose d’ailleurs des comparaisons très dures entre la malhonnêteté intellectuelle qui nourrit l’antilibéralisme et les pires propagandes des sombres heures de notre histoire. Je ne saurais trop conseiller à tous ceux qui se revendiquent de gauche au nom de la recherche de plus de justice sociale de lire aussi l’ouvrage d’André Comte Sponville « le capitalisme est-il moral ». Une lecture attentive de ces deux essais devrait les faire à jamais renoncer à salir l’un des termes les plus nobles qui dérivent du mot liberté et dont l’histoire est plutôt marquée à gauche. Les préventions contre le libéralisme sont aussi à droite bien sûr et dans les deux camps les corporatismes agissent avec vigueur pour préserver les acquis spécifiques et même d’en obtenir d’autres. BHL nous rappelle Montesquieu qui dans De l’esprit des lois précise que « sans liberté économique, la liberté politique est en péril » et inversement. C’est sur ce socle commun fondamental que chaque camp, à gauche et à droite, doit élaborer sa stratégie d’organisation et le plan d’action à proposer au pays. Pour ce qui me concerne cette très noble concurrence me motive aussi.
Je vous mets en pièce jointe l’article de ELB de ce jour qui doit aussi contribuer à cesser de nous faire prendre des vessies pour des lanternes et le postier pour une lumière.
Un extrait du chapitre:
« C’est l’épaisse sottise qui fait répéter, jusqu’à l’ivresse, que le libéralisme c’est la jungle, l’état de nature, l’humanité rendue au règne et à la colère des choses, alors que pour les théoriciens de l’école de Manchester, pour Adam Smith, pour Jeremy Bentham ou, aujourd’hui, pour Hayek, c’est l’effort pour, au contraire, maîtriser la loi de la jungle, sortir de l’état de nature, inventer des normes et des règles permettant de surmonter la lutte de tous contre tous. »
C’est leur vision stéréotypée et, encore une fois, ridicule d’un libéralisme consistant dans le recul, l’effacement, la négation du rôle de l’Etat alors que le libéralisme, le vrai, a toujours été, aussi, selon tous ses théoriciens, une réflexion sur la correction, par la loi, donc l’Etat, des effets de concentration, ou de rente, ou de monopole, que le libre jeu du marché est toujours susceptible d’engendrer… »
A lire aussi l'article consacré à l'antilibéralisme sur Wikipédia et celui sur le
libéralisme. Beaucoup de liens à suivre à partir de ces deux articles.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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