La Charente libre a consacré samedi un bel article à la voie verte Galope chopine intitulé « la route est encore longue pour la voie verte des 3B ». Un an
après son inauguration le journaliste s’interroge sur les résultats obtenus au regard des objectifs touristiques et économiques annoncés. Face à une réalisation dont il est dit qu’elle aura coûté
cher, il semble au journal que l’on soit encore loin du compte pour ce qui concerne les retombées attendues. Il me semble utile face à ces doutes légitimes de mettre en perspective les enjeux
d’un tel projet.
Mais pour commencer je dois corriger la présentation erronée du coût de la voie verte. En effet à ce jour l’enveloppe budgétaire de 860.000 euros hors taxes votée
par les délégués communautaires en juin 2004 n’est pas encore totalement dépensée. La piste réalisée, avec sa signalétique routière et les aménagements de sécurité aux intersections, il reste
encore près de 200.000 euros pour financer en 2008 les réhabilitations de trois petits bâtiments à Reignac, Chantillac et Baignes ainsi que la création de parkings et d’un abri pour les
randonneurs. Compte tenu des cofinancements obtenus la dépense nette à la charge de la communauté pour cette première tranche représente 35% du total. Trois autres chantiers sont prévus pour que
cette voie verte soit continue depuis Barbezieux jusqu’à la Charente maritime. Le premier dont j’espère qu’il pourra obtenir les cofinancements espérés et se réaliser en 2008 permettra de
contourner la zone d’activité de Plaisance, mais aussi à relier la ville aux entreprises et au logis de Plaisance. Pour ce tronçon, nous avons élaboré patiemment des plans avec un paysagiste et
un urbaniste en parfaite concertation avec la ville. Le second à Chantillac déborde largement le projet voie verte. Il consiste à reconvertir une friche industrielle que traverse la voie. C’est
tout autant un aménagement et un embellissement du bourg qu’il faut réaliser que la jonction de 400 mètres de voie verte. Le troisième projet n’en est à ce jour qu’au stade de la réflexion. Il
concerne le départ de la voie à la médiathèque de Barbezieux. La voie est déjà réalisée sur ce site. Le projet consistera à équiper la voie de locaux pour peut-être héberger une location de vélo,
l’accueil des touristes, la prévention routière et plus encore. Tout cela reste à définir. Et puis ce site est un bel espace en bas de la ville qui pourrait devenir un poumon vert ou touristes et
barbeziliens pourraient bénéficier d’un parc apaisant. Que ce soit pour la traversée de Plaisance, pour le site de la médiathèque ou celui de Chantillac, à chaque fois les réalisations envisagées
dépassent très largement les seuls objectifs fixés pour la voie verte. C’est aussi le cas pour la halle équestre qui va être construite aux tuileries du Tâtre. Si la communauté confirme l’an
prochain sa volonté de mener à son terme chacun de ces projets il est probable qu’il lui faille encore quatre à cinq années pour tout terminer. A l’échéance l’investissement affecté à la voie
verte étalé sur dix ans s’élèvera sans doute à 1.300.000 euros hors taxes, voire un peu plus.
Au regard des ambitions affichées par la communauté pour cette voie quelles premières évaluations pouvons nous faire aujourd’hui. Pour ce qui concerne
l’appropriation locale par les habitants des 3B il me semble que le succès est indiscutable. De nombreux sceptiques du début ont changé d’avis. Il reste toutefois quelques spécimens paradoxaux,
comme Loïc, qui continuent d’exprimer leur opposition à cette voie tout en courant plusieurs fois par semaines de longues heures sur son magnifique ruban de bitume gris. Un cas intéressant
d’incohérence entre l’attitude et le comportement dont j’ai déjà parlé.
La fréquentation touristique commence lentement comme l’évoque l’article. En revanche les randonneurs au long cours sont encore bien rares. Mais cela signifie t’il
que Galope chopine ne sera jamais une liaison européenne très fréquentée par des touristes de l’Europe entière. Bien sûr que non. Nous avons pris date et revendiqué le passage le la véloroute V3
par cette voie verte. Jour après jour il se confirme que notre initiative stimule des propositions au sud et au nord pour apporter ne nouveaux tronçons à cette véloroute, comme à l’est
d’Angoulême à Marthon. Il reste énormément à faire pour que le tracé soit continu à travers toute la France mais ce qui est sûr c’est qu’à l’échéance, dans quelques années, c’est par Barbezieux,
Baignes et Chantillac que passeront les voyageurs. Au fil des années qui viennent cette voie doit continuer de s’embellir, être l’artère d’aiguillage vers les boucles vélo, les sentiers de
randonnées, les liaisons avec les bourgs, les commerces et les hébergements. Faudra t’il cinquante ans comme le redoutent les plus sceptiques pour que la réalité ressemble au rêve qui m’a fait
aller de l’avant avec beaucoup d’enthousiasme pour que cette voie se réalise? Peut-être, même si je crois que ce sera avant. Mais c’est quand même un projet qui s’inscrit dans le très long terme.
« Même le plus long voyage commence par un premier pas » dit un sage chinois. C’est lui qui nous a inspiré.
Je repense à cet instant à la très grave erreur stratégique commise par les charentais au début des années 70, lorsqu’ils ont laissé l’autoroute A10 passer par la
Charente maritime pour éviter les nuisances. Juste après la mise en service de l’A10, je me souviens encore qu’il y avait si peu de trafic résiduel sur la RN10 que l’on craignait (comme sur la
voie verte) que l’herbe ne finisse par pousser à travers le bitume. On voit près de 40 ans plus tard que le bonheur escompté n’a pas duré longtemps. La Charente maritime a bénéficié pleinement de
son choix stratégique jusqu’à aujourd’hui quand la Charente dans le même temps s’est épuisée financièrement et a subit des nuisances terribles. Il faudra sans doute encore plus de quinze ans, ce
qui fera bien au total cinquante ans pour bien mal compenser en Charente l’erreur stratégique des années 70. Rendez vous donc à cette échéance raisonnable de cinquante ans pour vérifier si nous
avons bien vu juste pour notre territoire en matière d’infrastructure voie verte.
D’ores et déjà il m’a semblé que samedi, lors de l’inauguration par le conseil général de la boucle vélo numéro 8 au départ de Reignac, à l’intersection de la
départementale et de Galope chopine, les témoignages des personnes présentes encourageaient la communauté de communes à poursuivre ses efforts et à rêver plus fort
encore.