La communauté de communes finalise ces jours ci son projet d’agrandissement et d’aménagement des bâtiments administratifs de la société Vicard à Barbezieux. Ce lieu
doit accueillir l’ensemble des intervenants auprès des demandeurs d’emploi du Sud Charente.
Pour bien comprendre comment nous en sommes arrivés là il est utile de faire un petit retour en arrière.
La société Vicard a connu des difficultés très importantes qui l’ont conduit à déposer son bilan en 2005. La communauté alors sollicitée est demeurée très présente
auprès de l’entreprise jusqu’à aujourd’hui. Le chef d’entreprise a obtenu l’aval du tribunal de commerce pour son plan de continuation, mais pour une activité en diminution sensible. Il a donc
mis en vente les locaux administratifs devenus inutiles afin de rembourser son créancier principal, les AGS (assurance garantie de salaire). C’est dans ce contexte que nous avons été amenés à
visiter plusieurs fois ces locaux et à nous interroger sur ce à quoi ils pouvaient être utilisés.
Dans le même temps nous étions informés de la volonté de l’ANPE de créer une agence à Barbezieux et qu'elle recherchait pour cela un emplacement pertinent.
La communauté s’impliquait également à cette période dans la création de la mission locale à l’échelle des deux pays, ouest et sud Charente, qui allait prendre la suite des deux PAIO
(permanence accueil information orientation) de Cognac et de Barbezieux. Les locaux dévolus à la PAIO devenue mission locale, qui sont aussi ceux occupés par L’AISC (accueil information sud
Charente) et l’APP (atelier pédagogique personnalisé) étaient et sont encore des préfabriqués complètement vétustes. Aux côtés de ces trois acteurs principaux auprès des demandeurs d’emploi
quelques autres intervenants comme Prométhée, ICA, R YSIS (sous traitants ANPE), VAE (validation des acquis de l’expérience), DDTEFP, ASSEDIC tiennent des permanences plus ou moins
fréquentes dans différents lieux de la ville. L’APP mise à part, ce sont 22 personnes qui sont présentes en permanence (à deux ou trois près qui partagent leur temps avec d’autres sites) à
Barbezieux pour accueillir les demandeurs d’emploi, et 4 ou 5 plus épisodiquement pour des permanences.
Parallèlement à la création de la mission locale ouest et sud Charente la communauté de communes des 3 B s’est également engagée pour la création d’une maison de
l’emploi, au sens Borloo du terme, qui doit couvrir le même territoire que la mission locale, soit les deux pays Sud et Ouest Charente. Un dossier a été déposé et nous attendons la réponse de
l’Etat pour savoir s’il obtiendra la labellisation. Il faut rappeler que ce qui est recherché par ce projet ce n’est pas obligatoirement une maison, bien que ce soit le terme utilisé, mais la
mise en œuvre d’un projet fédérateur commun aux acteurs principaux de l’emploi en partenariat avec les collectivités locales. Pour le dire plus prosaïquement c’est une tentative de faire coopérer
tous les organismes qui s’adressent à un même public et qui servent des objectifs complémentaires mais dont on sait malheureusement que les logiques internes les conduisent plutôt à se centrer
sur eux-mêmes.
Pour ce qui me concerne et après avoir pris connaissance des expériences de maison de l’emploi conduites ici où là j’ai vite compris que les synergies apparaissaient
assez naturellement dès lors que la maison en était vraiment une. Sans guichet unique il n’y a pas de dynamique suffisante entre les équipes et le bénéfice pour le demandeur d’emploi est
assez faible.
A moins de détourner le regard du problème immobilier posé à la collectivité par la vétusté des locaux dévolus à la mission locale et à l’AISC et de celui posé par
l’ANPE, la communauté de communes se trouvait de fait impliquée dans la recherche de locaux pour héberger les associations en place ainsi que la future agence de l’ANPE. Il aurait évidemment été
possible de dire que ce n’est pas de notre compétence et que c’est la mission de l’Etat d’assumer cette responsabilité. Cette posture politique fait toujours, parait-il, son petit effet et permet
de rester à la fois populaire et inactif. Il m’est au contraire apparu qu’il y avait un ensemble d’éléments qui justifiaient que la communauté s’implique. Une entreprise en difficulté qui avait
besoin de réaliser une partie de ses actifs pour lesquels elle ne trouvait pas d’acquéreur. L’opportunité d’aider l’ANPE à aller au bout de son projet d’implantation sur Barbezieux.
L’anticipation d’un an ou deux du relogement obligatoire de l’AISC et de la mission locale. Un engagement dans un projet de maison de l’emploi qui s’il n’est pas labellisé verrait son
accomplissement encore plus réel que le modèle.
Mais comme je l’ai déjà expliqué aux délégués qui presque unanimes soutiennent le projet, le plus difficile pour la communauté ce n’est pas de porter le projet
immobilier. Nous espérons en effet que les loyers couvriront presque totalement les coûts que nous allons engager. En revanche la vraie difficulté est moins visible. Elle réside surtout dans
l’implication que nous devons avoir pour rédiger un règlement pour les colocataires qui permettre une cohabitation harmonieuse entre eux. C’est dans cet objectif que de nombreuses réunions ont
déjà eu lieu pour dessiner avec l’architecte et les futurs occupants une maison de l’économie et de l’emploi totalement ressentie comme telle par les demandeurs d’emploi et les agents.
Mais il y a bien plus. Le projet a surtout pour objectif de permettre des ruptures culturelles dans le monde des accompagnants des demandeurs d’emploi en les
rapprochant du monde de l’entreprise. C’est pourquoi nous souhaitons que ce lieu soit clairement identifié comme une passerelle efficace vers l’activité. L’association Entreprendre en Sud
Charente qui réunit tous les entrepreneurs, petits et grands, a vocation à y avoir son siège social. Les associations qui accompagnent les jeunes vers la création d’une activité doivent aussi y
être les bienvenues. Loin de n’assurer qu’un cocooning un peu passif du demandeur d’emploi ou qu’un guichet pour verser quelques aides d’urgence, toutes les énergies doivent s’appliquer à révéler
et à promouvoir les talents des demandeurs d’emploi auprès des entreprises de toute nature du territoire, à les mettre en relation avec les offres d’emploi et à leur faire découvrir les multiples
activités possibles. Cette révolution culturelle peut avoir lieu grâce à une plus grande proximité entre le monde de l’entreprise, de l’administration et des services et celui des accompagnants
des demandeurs d’emploi.
Il ne faut pas craindre non plus de dire que l’on se préoccupe avec ce projet de productivité et d’efficacité pour l’ensemble des moyens consacrés par la
collectivité nationale pour les différentes organisations impliquées auprès des demandeurs d’emploi. Ce sera bien entendu une exigence aussi pour les collectivités qui financent la mission
locale. C’est en se sens que cet investissement, parce qu’il doit fluidifier et dynamiser le marché de l’emploi, peut être un facteur de développement économique pour le Sud Charente qui doit
générer de surcroît et à terme des économies collectives substantielles.
Je ne voudrais pas me laisser aller à être trop conceptuel et rivaliser ainsi avec mon ami et opposant politique Jacques dont vous pouvez lire le long commentaire
sur l’article précédent, mais ce projet participe aussi de mon engagement pour libérer toutes les énergies et permettre à chacun de participer le plus directement possible à la création de biens
et de services et d’en bénéficier.
J’espère que ces quelques explications donnent un peu de corps aux perspectives de synergies attendues pour ce projet immobilier et que
je réponds ainsi à la question de Thomas B en complément des explications déjà données par Poil à gratter. Qu’en
pensez-vous ?