16 Septembre 2015
François Baroin et André Laignel, bras dessus, bras dessous malgré leur appartenance politique et leur différence de taille ont appelé tous les maires de France à défiler samedi contre la baisse programmée de 30 % des dotations de l’Etat aux collectivités locales. Une marche œcuménique d’union locale gauche droite en écharpe tricolore pour en appeler au soutien du peuple contre l’aveuglement du pouvoir central.
L’argument développé unanimement est à peu près celui-là : moins de ressources pour les communes, c’est moins d’investissements, moins de services publics et donc moins de croissance et plus de chômage.
L’impact de la réduction des dotations est évidement redoutable pour la gestion des communes et de leurs groupements. Compte tenu de la part élevée des dépenses que les élus n’ont pas les moyens d’infléchir à court terme, c’est d’abord la capacité d’investissement qui se trouve réduite. Viennent ensuite les dépenses d’entretien ou encore les subventions aux associations. L’effet d’étranglement et d’acculement est incontestable.
Peut-on pour autant s’adresser aux citoyens de nos communes avec ce seul message ? Un élu local peut-il dire à ses électeurs que les dotations de l’Etat doivent être sanctuarisées et isolées des remèdes à apporter aux déséquilibres budgétaires du pays ? Lorsqu’il s’adresse à ses concitoyens, un maire peut-il s’autoriser à exclure l’interdépendance financière entre les collectivités locales et l’Etat des orientations politiques nationales ? Peut-on demander à un contribuable de manifester son soutien pour le maintien d’une aide de l’Etat aux communes sans lui dire dans le même temps ce que cela implique pour ses impôts ? A mon sens évidemment non.
Chacun sait que les 57% du PIB de dépenses publiques de la France sont aujourd’hui les plus élevés d’Europe. Tout comme les 47 % de PIB de prélèvements obligatoires. Nous savons aussi par expérience qu’à ces niveaux là, toute pression fiscale supplémentaire se traduit par un ralentissement de l’activité et finalement par moins de recettes budgétaires.
Il ne faut donc plus compter sur les augmentations d’impôts pour réduire les déficits dont le financement grossit chaque année un peu plus l’endettement du pays. C’est donc la dépense publique qui doit être diminuée et l’organisation collective qui doit être optimisée. Il se trouve que c’est aussi la condition du retour de la croissance…et de meilleures rentrées fiscales.
Mais voilà, l’entrée dans ce cercle vertueux suppose de réformer en profondeur le pays, ce dont malheureusement presque personne n’a apparemment vraiment envie. Il est d’ailleurs symptomatique de voir une sorte d’unanimité se faire pour demander un maintien des dotations de l’Etat envers les collectivités locales sans dire dans le même temps quelle stratégie de réduction des déficits publics l’on préconise. Comme s’il n’y avait pas de lien entre les deux et comme si l’on pouvait tout en étant élu du peuple localement se laver les mains de la question posée à la nation tout entière.
On rejette hors de l’emploi plusieurs millions de personne par un encadrement normatif et réglementaire du travail très restrictif mais il n’est pour autant pas question de revoir le Code du travail, le salaire minimum ou les aides sociales. Pas plus que l’on évoque en dehors de la Cour des Comptes le temps de travail ou les statuts de la fonction publique territoriale, hospitalière ou d’Etat.
On se plaint du millefeuille territorial, mais on s’empresse de le justifier pour renoncer à toute évolution, même proposée par le Président de la République ou le Premier ministre sous deux quinquennats successifs. Certaines régions seront donc simplement plus grandes, voire immenses, mais la structuration restera inchangée ou presque. L’argent des contribuables continuera d’être collecté à tous les étages pour complexifier une action publique fragmentée avec les couteuses pertes en lignes maintes fois décrites que chacun s’emploiera pourtant très fort à nier.
Au final, plus la situation se détériore et plus il est de coutume d’expliquer à l’électeur qu’il y a besoin de budget pour agir pour son bien, pour l’emploi, pour la croissance et qu’il n’y a finalement rien de structurel à changer. La demande sociale infinie envers l’Europe, l’Etat et les collectivités suffisent à faire prendre l’électeur à son propre piège et à justifier la continuité du cercle vicieux infernal.
Le jour viendra pourtant où le peuple saura qu’il lui faut plus de liberté assumée pour retrouver le chemin de l’efficacité, de la croissance, de l’emploi et des équilibres budgétaires. Il se trouve que c’est aussi le passage obligé pour bénéficier d’un nouvel élan de dynamisme communal. Et que d’autres pays qui réussissent plutôt mieux que la France nous montrent pragmatiquement la voie.
Au moment ou s’engagent les élections régionales, il est important que les électeurs puissent faire des choix clairs. Entre la baisse des prélèvements obligatoires et de la dépense publique par des réformes courageuses pour l’emploi et la croissance et le toujours plus d’impôts et de dépense publique malgré le gonflement de la dette publique, la quasi récession et le chômage, la parti pris n’est pas le même.
Je ne veux pas laisser le moindre doute sur mon engagement envers le pays et les contribuables. Je peste bien sûr contre la baisse brutale des dotations mais je ne veux pas rechercher le soutien des ressortissants de ma commune sur cette seule question. C’est pour réformer courageusement en profondeur le pays que nous avons besoin de cohésion. Les efforts de pédagogie doivent être déployés prioritairement dans ce sens.
Virginie Calmels, notre tête de liste pour le Centre et la Droite est clairement engagée sur ces priorités. L’optimisation du fonctionnement de la grande Aquitaine pour à la fois contribuer à la baisse de la dépense publique et au dynamisme de ce grand territoire régional est l’un de ses tout premiers objectifs. Sa détermination fait plaisir à voir.
Alain Juppé comme François Fillon viennent tous les deux de publier un livre par lequel ils précisent les orientations qu’ils proposent pour la France. A des degrés divers, l’un et l’autre en appellent à la liberté, à la réforme et à l’action. Bruno le Maire parcourt la France lui aussi pour dire ses engagements qui vont dans le même sens. Nicolas Sarkozy réveille les débats interdits. L’un deux sortira vainqueur des primaires à droite à l’automne 2016 et aura de fortes chances d’être la prochain Président de la République.
Ne laissons pas entendre aux électeurs que localement tout va bien parce que l’on ne fait pas de politique. Et que tout est plus difficile au plan national parce qu’on y ferait trop de politique. Toute l’action publique est politique dans le sens le plus noble du terme. N’atténuons pas les débats devant les citoyens à l’heure où le pays a plus que jamais des choix essentiels à faire pour son avenir.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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