20 Mai 2012
François Bayrou était l’invité du Grand Jury ce soir sur LCI. J’ai pu vérifier que je partage toujours avec lui certaines analyses, mais aussi, vous le savez, un désaccord assez fondamental.
Il a rappelé sa conviction que la crise était toujours à venir et que la situation de la France et de l’Europe est de plus en plus préoccupante. C’est aussi mon point de vue.
Il a dit aussi, pour la première fois peut-être, que l’Euro pourrait disparaître. Les lecteurs de ce blog savent que j’en suis très conscient depuis quelque temps déjà et que les analyses qui ont étayé ma réflexion sont toujours en lien à partir de différents articles consacrés au sujet.
Il a rappelé quelques éléments de la politique à mettre en œuvre pour améliorer la compétitivité de la France et le sauvetage de l’Euro. Je les partage.
En revanche je suis en parfaite opposition avec sa propositions de modernisation de la vie politique. Cette idée selon laquelle il faudrait un centre au parlement qui ne serait ni dans la majorité, ni dans l’opposition, me semble parfaitement contraire à l’intérêt du pays.
Nous devons au Général De Gaulle les institutions de la Cinquième République conçues justement pour que le pays puisse être gouverné solidement en temps de crise. Un président de la République élu au suffrage universel et des députés élus au suffrage uninominal à deux tours pour dégager une majorité stable clairement responsable devant les français.
La clarté de la responsabilité, voilà le formidable apport de la Cinquième République. Tout ce qui peut contribuer à remettre de l’ambiguïté dans les responsabilités au sommet de l’Etat est à proscrire vigoureusement. Tout comme cette idée, très Quatrième République, qui accepte que rien ne puisse se décider sans une frange minoritaire de députés par nature imprévisibles, puisque sans attaches fixes.
Selon François Bayrou, ce centre aurait la vertu intrinsèque et magique de faire arriver à l’assemblée des députés plus inspirés que les autres qui sauraient se prononcer librement sur les choix gouvernementaux ou législatifs. Et c’est cette liberté qui devrait avoir valeur auprès des électeurs. J’ai malheureusement constaté que ce positionnement attire bien plus des candidats soucieux d’être discrets sur leurs convictions, avec une apparence consensuelle, plutôt que des hommes et des femmes libres qui s’engagent pour sauver la france en temps de crise dans le respect des institutions
Dans la mesure où une majorité a les moyens de gouverner, en quoi cela peut-il être pénalisant que l’opposition s’oppose et ne vote pas comme la majorité ? En rien bien sûr. Et en quoi cela interdit-il à un député de l’opposition de contribuer positivement au débat pour faire évoluer les projets de la majorité ? En rien non plus bien sûr.
Pour les temps de crise qui se profilent je préfère me référer au Général de Gaulle qu’à François Bayrou. Choisir l’ambiguïté face à l’électeur n’est pas conforme à l’esprit de la Cinquième République. Ça ne peut donc pas être le mien.
Pour ce qui est de la majorité souhaitable à l’assemblée, que je sache, c’est aux électeurs d’en décider. Ensuite c’est au Président d’en tirer les conséquences. De choisir de cohabiter ou de ne pas cohabiter si la majorité lui est hostile.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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