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De la sueur et de la joie. (Suite).

« C’est le rêve français que je veux ré-enchanter » a déclaré dimanche dernier François Hollande à ses troupes exaltées, dans une ambiance digne de mai 1981. Sur les écrans de télévision, la présence de Jack Lang aux côtés du candidat investi ajoutait à l’illusion. C’était bien à un remake « 30 ans après » de la promesse de changer la vie à laquelle la France assistait incrédule, mais sans Dumas quand même. L’euphorie sera pourtant cette fois ci de bien plus courte durée. Le programme qui consiste à l’ancienne à trouver 50 milliards de recettes en supprimant des niches fiscales pour riches afin de remettre en marche le pays par le recrutement d’enseignants et le soutien à l’embauche des jeunes, couplé à l’accompagnement du maintien des plus âgés au travail restera inévitablement à l’état de promesse. L’élection présidentielle est encore loin et d’ici là le pays va pouvoir méditer à loisir l’axiome le plus célèbre de Warren Buffet, l’oracle d’Omaha, selon lequel en économie « on ne déjeune jamais gratis ».

Nicolas Sarkozy répète à ses équipes que l’avenir de la France et de l’Europe se joue en ce moment. Le sommet d’aujourd’hui n’a pas suffit pour énoncer les décisions qui doivent permettre de rassurer les marchés sur la capacité des Etats européens à honorer le remboursement de leurs dettes et à en maîtriser la progression. Ce n’est que jeudi, après qu’Angéla Merkel aura sollicité l’avis du Bundestag, que les chefs d’Etat seront en mesure d’afficher leur détermination et les moyens qui la concrétise. Le soir même le Président de la République viendra à la télévision révéler aux français la gravité de la crise qui se déroule sous nos yeux.

Moody’s ne nous a pas mis le blues que pour permettre le déchainement politique et médiatique contre les agences de notation accusées de s’ingérer sans légitimité aucune dans le débat politique. L’agence n’a fait que dire tout haut ce que n’importe qui ne peut ignorer. Notre endettement progresse à vitesse accélérée depuis que la récession consécutive à la crise financière de 2008 a fait exploser nos déficits publics. Dans le même temps notre déficit du commerce extérieur atteint des sommets stratosphériques et témoigne de notre perte gravissime de compétitivité. Les prévisions de croissance qui ne cessent d’être revues à la baisse nécessitent d’augmenter les impôts et de réduire la dépense publique, ce qui fait craindre l’aggravation du phénomène et la poursuite du cercle vicieux. A cela s’ajoute les engagements hors bilan pris par la France en ce moment pour sauver l’Euro et la Grèce qui viennent un peu plus plomber la qualité de notre signature encore AAA pour un temps. Et puis je ne voudrais pas être naïf en omettant un autre facteur dans la mise sous surveillance de la note AAA de la France. Je veux bien sûr parler du succès en France comme dans d’autres pays du Club Med des politiques dépensières et du goût pour l’impôt plutôt que celui de l’Etat modeste et rigoureux qui laisse se déployer l’énergie créative dans l’économie privée. Les primaires socialistes ont confirmé à tous nos bailleurs de fonds cette réalité. Et l’on sait aussi que, comme en Grèce, dès lors qu’il faut assumer le remboursement de ce que l’on a emprunté, le peuple qui a validé l’emprunt dans les urnes est prêt à dénoncer le contrat dans la rue si on lui demande de se serrer la ceinture.

Pourtant je fais partie de ceux qui pensent aussi qu’il est possible de ré-enchanter le rêve français. A qui pourrait-on faire croire en effet que l’on vit un moment particulièrement difficile de notre histoire et qu’il serait impossible de s’en sortir ? Sans doute pas à la très large majorité des habitants de la planète qui luttent chaque jour pour survivre et qui n’ont pas encore eu le luxe de nier le réel en doutant qu’il faut travailler plus quand on veut gagner plus. Aujourd’hui encore, en France comme ailleurs, au moment où la possibilité de faire payer à nos enfants notre refus de limiter nos dépenses publiques aux recettes publiques touche à son terme, il suffit de faire les choix rationnels qui s’imposent. Il faut réformer en profondeur l’Etat et les collectivités territoriales pour que notre organisation collective soit compétitive avec le reste du monde avec qui nos échanges sont ouverts. Imposition, lois et réglementations diverses doivent aussi faire s’exprimer le meilleur de chacun de nous pour que l’économie soit florissante et que la solidarité puisse s’exprimer sans désapprendre la responsabilité et l’autonomie. Ça ne devrait être que du bonheur….    

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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L
<br /> <br /> Finalement, ton rêve c'est peut-être seulement d'être un jour de ceux qui font les lois.... J'ai cru comprendre dans la charente libre d'aujourd'hui que cela pouvait être possible à condition<br /> bien-sur de piquer la place à Marie Line. Voilà un challenge qui va faire couler de l'encre et de la salive.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> "Imposition, lois et réglementations diverses doivent aussi faire s’exprimer le meilleur de chacun de<br /> nous pour que l’économie soit florissante et que la solidarité puisse s’exprimer sans désapprendre la responsabilité et l’autonomie."<br /> <br /> <br /> Tout -ou presque- est dit! <br /> <br /> <br /> Tout un programme...<br /> <br /> <br /> En effet, l'emprise , le fardeau de la politique, des collectivités publiques ne se traduit pas que dans le taux de prélèvements obligatoires et dépenses publiques,<br /> mais aussi par ce qui doit être assumé en interne par les entreprises et particuliers en temps perdu, dépenses en honoraires, etc. <br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Dans l'édito de CL de ce matin, il est dit que Mme Merkel appelle Sarkozy, Monsieur Bla-bla !!!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Elle a du jugement l'allemande !!!<br /> <br /> <br /> <br />
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