13 Juillet 2008
Eric Le Boucher dans le Monde et Alexandre Adler dans le Figaro, tous les deux situent et commentent l’initiative diplomatique de Nicolas Sarkozy dans l’environnement géopolitique du moment. Ces deux plumes sont toujours à lire attentivement.
Il y a un peu plus d’un an, pendant la campagne électorale, j’écoutais incrédule ce projet d’Union de la Méditerranée. Non pas que le projet me paraissait incohérent, bien au contraire, mais il me semblait fortement utopique. Depuis cette nouvelle coopération, non seulement n’a pas été abandonnée, mais le président a mis toute son énergie pour la susciter. Et aujourd’hui à Paris, au Grand Palais, se trouve la preuve d’un début de réalisation concrète. Chacun a pourtant cru trouver au fil des jours dans les réticences d’autres pays européens, principalement l’Allemagne, une bonne raison de dénigrer l’activisme du président et d’accréditer une fois de plus la thèse selon laquelle nous étions devenus, à cause de Sarkozy, la risée du reste du monde.
C’est sans doute Nietzsche qui nous donne l’explication du décalage qui existe entre ceux qui font profession de commenter pour plaire à leur public, qui peaufinent les mises en garde et insistent sur toutes les bonnes raisons de ne rien faire tout en évoquant que c’est tout autrement qu’il faudrait faire si on voulait vraiment bien faire, et ceux qui agissent courageusement pour infléchir le cours des choses. Il écrit cet aphorisme savoureux dont je ne me lasse pas : « l’aigle qui vole très haut dans le ciel paraît tout petit à celui qui ne sait pas voler ».
Comment pourtant ne pas comprendre que le monde change sous l’effet de la volonté des hommes, que rien n’est jamais figé et que ce qui paraissait impossible hier puisse devenir possible aujourd’hui. « Il y a ceux qui regardent le monde tel qu’il est et qui se demandent pourquoi et il y a ceux qui imaginent le monde tel qu’il pourrait être et qui se disent pourquoi pas » disait aussi John Fitzgerald Kennedy.
Le colonel Khadafi, Hugo Chavez, Hu Jintao, Vladimir Poutine, Ben Ali et maintenant Bachar Al Assad ne sont pas des dirigeants pour lesquels j’éprouve de la sympathie. J’ai forcément ressenti moi aussi un profond décalage entre les engagements de Nicolas Sarkozy pendant la campagne pour une nouvelle diplomatie qui ne cède en rien sur les droits de l’homme et qui renonce à la traditionnelle « realpolitique » et la chaleur des relations que nous avons manifesté depuis à l’égard des dictateurs que je viens de citer. Mais ce matin en regardant à la télévision le président de la république du Liban nouvellement élu Michel Sleimane monter dans la même voiture que Bachar Al Assad dans la cour de l’Elysée après qu’ils aient annoncé tous les deux l’ouverture d’ambassades dans leurs pays respectifs, je suis un peu bluffé. Dans ce domaine aussi, mettre en mouvement, prendre des risques ne garantissent en rien que les résultats seront ceux escomptés. Mais la probabilité de faire évoluer dans le bon sens la situation est plus élevée qu’en se tenant proprement et dignement à l’écart. Agir et ne pas craindre l’impopularité une fois au pouvoir deviennent à mes yeux les qualités essentielles à rechercher chez un homme politique. De ce côté-là nous sommes servis.
J’aurai la chance de regarder demain matin le défilé du 14 juillet depuis la tribune présidentielle sur les Champs Elysées et de goûter ensuite aux petits fours dans les jardins du Palais. Je vous raconterai.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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