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"La décision est souvent l'art d'être cruel à temps". Henry Becque.

D’heure en heure les dépêches tombent les unes après les autres pour annoncer les personnalités contactées et reçues par Nicolas Sarkozy en vue de la constitution du prochain gouvernement, dont il est à peu près sûr maintenant qu’il sera dirigé par François Fillon. Il apparaît de plus en plus probable que ce gouvernement réunisse des hommes et des femmes représentant un large spectre de l’échiquier politique. Enfin ça n’a pas l’air simple quand même et on peut comprendre la difficulté réelle qu’il peut y avoir à entrer dans un gouvernement dirigé par ceux à qui l’on s’est opposé hier. Parce que pour que le projet réussisse il faut bien sûr que chacun demeure cohérent avec ses valeurs, ses engagements et ses actions passées. La présidence de la commission des finances à l’assemblée nationale confiée à un représentant de l'opposition sera déjà un pas important vers cet Etat impartial que chacun des candidats à souhaité instaurer. Le ministère des affaires étrangères et le ministère de la justice confiés à des personnalités issues du camp opposé peuvent dans ce même esprit permettre de dépasser les logiques d’affrontement dans ces deux domaines ou il serait bon de s’assurer du soutien de deux français sur trois pour reprendre l’expression de Valéry Giscard D’Estaing. A en croire les commentateurs, le respect de la parité dans le gouvernement à laquelle Nicolas Sarkozy s’est engagé ne semble pas simple à mettre en œuvre non plus si on le soumet à l’exigence de ne retenir que les meilleurs pour la mission à accomplir dans une équipe resserrée. Il n’est pas possible de reproduire les licenciements secs effectués par Alain Juppé en 1996 à l’encontre de la plupart de ses ministres femmes. L’autre information importante relatée par l’édition du Monde datée d’aujourd’hui concerne la préfiguration de la réforme de l’Etat qui devrait être contenue dans la recomposition des ministères dont le nombre se resserre. Il semble que cette perspective mette beaucoup d’affolement en haut lieu ou chacun n’apprécie la réforme de l’Etat et de son organisation que si sa situation propre ou celle du corps dont il est issu n’est pas concerné. C’est pourtant par là qu’il va falloir tester la crédibilité de la promesse de réduction du nombre de fonctionnaires. Mettre la pression sur des individus dans une entreprise ou dans une organisation ne permet, et encore, que de très faibles gains d’efficacité. Ce ne sont bien entendu pas les individus, les fonctionnaires qui sont en cause mais uniquement l’organisation et les règles. C’est seulement en changeant les méthodes, les processus et les recours à de nouveaux outils que l’on peut obtenir de vraies ruptures et d’importants gains d’efficacité.
Parmi tous les chantiers de réforme qui doivent aboutir à plus d’efficacité de la dépense publique pour améliorer le pouvoir d’achat de chacun de nous il en est un qu’il me semble très urgent d’engager et que je ressens avec acuité chaque jour. Il s’agit bien sûr de l’empilement et de l’enchevêtrement des différentes collectivités et de leurs groupements. Pour faire vraiment très court et presque sans trop risquer la caricature il suffirait de limiter à une seule collectivité l’exercice d’une compétence en affectant les ressources correspondantes et d’interdire qu’il y ait plus de deux niveaux de collectivité qui puissent intervenir pour le financement d’un projet. Imagine t’on l’absurdité qu’il y a le jour de l’inauguration d’une rénovation d’un bourg ou d’une mairie à voir défiler les représentants des collectivités qui toutes ont participé pour une partie du financement. Pour faire travailler un maçon il aura fallu que se réunisse un nombre incalculable d’individus qui tous ont analysé la pertinence du projet en fonction des critères propres à la collectivité qu’ils représentent, qu’ils opèrent leurs arbitrages financiers après encore plus de réunions. Chacun tire son pouvoir et sa légitimité en se rendant censeur et indispensable à l’autre. N’importe quel observateur qui découvre cette situation (d’où les très nombreux et très pertinents rapports qui sont publiés) est frappé par l’absurdité du système et à de la peine à comprendre comment on a pu en arriver là. En revanche avec un mimétisme servile et déconcertant les nouveaux élus entrants dans le système ont tôt fait d’accepter ce qui semble être une nécessité définitive et intemporelle liée à l’organisation et aux rituels de notre organisation collective. C’est tellement bien fait et cela semble tellement impossible à réformer que chacun se résigne à devenir le shaddok de plus.
Face à la fantastique inertie d’un système complexe qui s’auto protège par la volonté de ne surtout rien changer des élus, il faut l’autorité d’un gouvernement inspiré et dont le leadership est fraichement reconnu pour pouvoir tenter de faire bouger les choses. Nos futurs députés ressentent ils cette urgente nécessité et ont ils la volonté de travailler pour engager les réformes indispensables? La seule légitimité qui vaille pour un candidat n’est ce pas sa volonté et son aptitude à changer le cours des choses en donnant des gages sur ces deux points à ses futurs électeurs ?                                 
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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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