19 Mars 2017
Comme chacun sait, le baromètre du samedi dans La Charente Libre fait un peu la pluie et le beau temps des réputations dans le département. C’est donc en habitué de ces colonnes par là que je commence ma lecture du journal au réveil chaque fin de semaine.
Dans la dernière édition, j’ai droit à une flèche rouge vers le bas. Et j’apprends que l’entourage de mon adversaire Hamoniste aux législatives me surnomme « Monsanto ». Le maire Michel de la cité des eaux de vie n’est pas en reste qui veut dans la foulée m’envoyer en stage au Burkina Faso pour me désintoxiquer de la firme maléfique. Tout cela serait lié dit la plume du canard à mes positions sur l’utilisation des pesticides.
La période de campagne électorale n’est évidemment pas propice aux assauts d’intelligence. Dans ce contexte, les interprétations subjectives et les raccourcis médiatiques récurrents ont tôt fait de se traduire chez les militants en slogans peu ragoutants.
Faut-il pour autant que je suscite dans mon camp un processus du même type à l’encontre de mon adversaire? Après tout, soutenir Benoit Hamon qui est favorable à la légalisation du cannabis pourrait justifier le joli surnom de Marie Jeanne par exemple. Tout comme l’ambiance actuelle au regard des emplois familiaux des parlementaires combinée avec la perception confuse d’une sorte de népotisme rampant pourrait alimenter bien des commentaires désagréables. Non, très franchement je ne suis pas tenté et j’ai en fait très envie de tout faire pour arracher cette campagne aux caricatures faciles.
Puisque le mal est fait pour ce qui me concerne, même s’il est quasi impossible de lutter contre une rumeur, d’autant plus quand elle est relayée par les médias, je dois une fois de plus rappeler avec mes modestes outils de communication underground mes états de service de paysan engagé pour l’agro-écologie.
Je suis arboriculteur et viticulteur. Je pratique l’agriculture de groupe en famille et bien au-delà depuis mon installation en 1979. Nous sommes aujourd’hui une équipe de plus de 70 personnes, près de 100 en incluant les saisonniers en équivalence temps plein, tournés vers la vente directe, les circuits courts et le marché national. Rien n’est jamais acquis. Je sais quel a été notre parcours jusqu'à aujourd'hui mais je suis bien incapable de dire de quoi demain sera fait. La prise de risque continue de plus belle dans un environnement incertain.
Parallèlement au développement de l’entreprise, je me suis engagé dès le début des années 90 dans des organisations professionnelles comme le Crédit Agricole et Cerfrance. Un peu plus tard, c’est à la commune, puis à la communauté de communes que j’ai souhaité m’investir.
Et puis, c’est aussi en 1995 que mes pairs m’ont confié la présidence d’une commission technique pour mettre en œuvre ce qui est devenu aujourd'hui la Charte Qualité des Pomiculteurs de France.
Donc, depuis plus de 20 ans je fais évoluer un système qualité certifié qui donne un contenu bien avant l’heure au concept d’agro écologie. Aujourd'hui, plus de 1300 arboriculteurs et près des deux tiers des surfaces de vergers de pommes et de poires respectent ce cahier des charges et bénéficient d’un conseil technique indépendant.
Cette Charte qui fédère dans toutes les régions productrices de France est devenu un formidable moteur du progrès des pratiques arboricoles respectueuses de l’environnement. Depuis 2012, elle m’a conduit à impulser la création d’un Groupement d’Intérêt Scientifique pour les fruits qui réunit l’INRA, le CTIFL, les Centres d’expérimentations professionnels, les techniciens, les organisations économiques, et quelques autres partenaires concernés par les filières de production.
Puisque, pour que des progrès agro-écologiques aient lieu en verger, il faut apporter des solutions nouvelles éprouvées aux arboriculteurs.
Nous travaillons aussi maintenant avec le Muséum d’histoire naturelle pour mettre en place dans les vergers des évaluations de la biodiversité. Avec l’Institut Technique et Scientifique de l’Apiculture et de la Pollinisation nous observons les colonies d’abeilles en verger pour parfaire nos protocoles d’accueil.
Pour tout cela, l’Etat nous a donné il y a quatre ans l’équivalence Haute Valeur Environnementale de niveau 2 pour notre Charte.
Le système monte encore fortement en puissance et notre cahier des charges s’enrichit cette année de nouvelles obligations à respecter pour élever encore le savoir-faire agronomique et agro-écologique des arboriculteurs dans les vergers concernés.
Avec cette charte et à l’échelle du pays, notre association, en plus d’être leader pour la production de pommes et de poires bio, est devenue une référence pour la mise en œuvre concrète et contrôlée de l’agro-écologie en arboriculture.
Je suis aussi impliqué avec quelques autres arboriculteurs du Sud-Ouest dans un programme privé de création variétale conduit par un chercheur que la retraite n’a pas dissuadé de chercher et d’hybrider. Après plus de 12 années de travail, deux premières variétés issues de ce programme sont en attente d’inscription au catalogue. Eh bien sûr elles ont été sélectionnées pour leurs qualités gustatives mais aussi pour leur rusticité à l’égard des maladies et ravageurs.
Autant dire que je ne suis pas resté les bras croisés depuis que j’ai commencé le métier sur tout ce qui touche à ce que l’on appelait avec l’OILB (Organisation Internationale de Lutte Biologique) la production intégrée et maintenant l’agro-écologie.
Mais pour autant, en production biologique comme en production intégrée, la protection contre les maladies et ravageurs nécessite encore des moyens de lutte, et sans doute pour longtemps encore.
J’ai pris l’habitude depuis 10 ans maintenant de dire ce que je crois et ce que je fais sur ce blog. Je n’ai rien effacé et j’assume tout. Quiconque veut en savoir plus sur mes engagements dans tous les domaines peut s’y référer. Mon combat pour l’agro-écologie tout comme ma résistance aux absurdités et aux croyances en vogue dans ce domaine s’y trouvent aisément.
Je m’engage aujourd'hui pour représenter mon territoire et cette deuxième circonscription avec toute l’expérience qui est la mienne après m’être frotté aux difficultés concrètes de l’agriculture, de l’entreprise, de l’emploi et de la coopération avec mes pairs, localement, sur le plan national mais aussi à l’international. Je me présente aussi avec l’expérience de maire et de président un temps d’une communauté de communes.
C’est avec tout ce vécu qui devient rare sur les bancs de l'assemblée que j’ai envie de débattre sérieusement pendant cette campagne des difficultés à surmonter en Charente comme en France. En m’adressant le plus possible directement, sans filtre, aux charentais et aux réalités qu'ils endurent.
Avant de reprendre mon porte à porte je serai demain matin en réunion biodiversité à la Région à Bordeaux. Et je filerai ensuite à Lubersac en Corrèze pour assister en fin d’après-midi à la signature de la charte limousine de bon voisinage entre les arboriculteurs et l'association Allassac ONGF qui représente les riverains. Un magnifique exemple de ce que l’écoute respectueuse mutuelle peut réussir.
Je me souviens d’un soir pas si lointain à Pompadour où j’avais prêché la non-violence au milieu de mes collègues arboriculteurs excédés qui souhaitaient en découdre. Ce qui paraissait inimaginable a été bien compris et réalisé par un leader éclairé dans chaque camp. Je serai heureux de leur dire ma profonde admiration pour ce qu’ils ont réussi. A mon baromètre, ils méritent une flèche verte bien positive vers le haut.
Les difficultés sont sont là pour être surmontées et je les vois toujours d'abord comme des opportunités.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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