10 Mai 2012
Pierre-Rémy Houssin a donné une interview à la Charente libre dans l'édition du 9 mai 2012.
L'essentiel est dit et bien dit.
Bonne lecture à tous
Charente Libre Mercredi 9 mai 2012
Rencontre avec Pierre-Rémy Houssin
«La droite a besoin d'une victoire»
La droite charentaise est au fond du trou. L'élection présidentielle l'a confirmé. L'ancien président du conseil général, «vieux sage» expérimenté, livre son point de vue et ses espoirs.
Il a 80 ans et les porte avec belle allure. Il est retiré de la vie publique et coule des jours paisibles avec son épouse dans sa grande maison de Baignes. Mais il garde un œil attentif sur le débat politique. Il a répondu présent à plusieurs réunions publiques de l'UMP durant la dernière campagne de l'élection présidentielle. Pierre-Rémy Houssin a été le premier président de droite du conseil général de la Charente, et celui qui a exercé la fonction le plus longtemps, de 1982 à 1998. Il a également été député de la Charente de 1986 à 1997.
ID. François Hollande dépasse 60% des suffrages dans deux des trois circonscriptions, frôle 55% dans la troisième. Que fait la droite?
Pierre-Rémy Houssin. Permettez que je relativise, au plan national comme au plan local, pour au moins deux raisons. D'une part on frise les 6% de votes blancs ou nuls. C'est un vrai souci, la preuve que les deux grands partis appelés à gouverner, à gauche comme à droite, ne savent pas parler à une grande masse des gens. D'autre part, j'ai lu lundi matin que si 55% des votes pour Hollande étaient des votes d'adhésion, 45% exprimaient un rejet de Nicolas Sarkozy. La gauche n'est pas si forte que cela.
ID. Comment expliquer que la droite résiste bien en Charente-Maritime quand elle ne se relève toujours pas en Charente?
Pierre-Rémy Houssin. La Charente a toujours été un département de gauche et de centre gauche. En 1973, la droite gaulliste que je représentais avec Francis Hardy [ancien député maire de Cognac, NDLR] pesait un petit tiers au conseil général. Nous avions à l'époque soutenu Guy Pascaud, radical socialiste, cœur à droite. C'est ainsi que nous avons mis le pied dans la porte pour nous assurer quelques années plus tard le pilotage d'une majorité de droite qui a tenu près d'un quart de siècle.
ID. Vous voulez dire que la droite au pouvoir en Charente c'est l'exception par rapport à sa sociologie politique?
Pierre-Rémy Houssin. Je dis que nous étions issus, Hardy et moi, d'une sorte de radical-gaullisme, empreints de la nouvelle société chère à Chaban-Delmas. Ce RPR-là que nous affichions haut et fort était compatible avec le radicalisme charentais. Mais il fallait le travailler, ce que j'ai fait dans les années 80 et 90 avec le centre des démocrates sociaux de Georges Chavanes [ancien député-maire d'Angoulême]. Nous avions des vraies frictions, mais nous savions toujours nous retrouver sur l'essentiel et surtout préparer longtemps à l'avance chaque scrutin.
ID. Vous avez tout plaqué après votre défaite aux sénatoriales de 1995. N'avez-vous pas provoqué un chaos dont la droite n'est pas remise?
Pierre-Rémy Houssin. Oh que non, ce serait beaucoup me prêter! Je ne suis pas la cause, ma défaite était plutôt la conséquence d'un moment où ça commençait à tanguer. D'ailleurs, les principaux protagonistes de l'époque qui ont pris la relève, Jérôme Mouhot, Jacques Bobe, Jean-Michel Bolvin, Henri de Richemont ne se sont pas entendus. Il a manqué un noyau dur et solide pour construire le socle indispensable qui fait encore défaut aujourd'hui.
ID. Est-ce que la constitution de l'UMP était une bonne idée ou une fausse bonne idée?
Pierre-Rémy Houssin. À titre personnel, j'ai toujours été très réservé sur ce point. Et je crois qu'on paye un peu cette option prise de 2002. Vous savez, entre des gens comme Hardy et moi et des gens comme Raffarin, il y a deux histoires, deux origines différentes. On peut et on doit travailler ensemble, mais dans deux sillons parallèles, pas dans un seul sillon. Si tel avait été le cas, nous ne nous serions pas retrouvés avec le cas Bayrou, marginalisé et en dehors de la grande famille du centre et de la droite.
ID. De quoi a besoin aujourd'hui la droite charentaise pour se relancer?
Pierre-Rémy Houssin. Il faudrait qu'aux prochaines échéances électorales, et dès les législatives en juin, elle obtienne une victoire. C'est l'étincelle quila fera repartir. Et elle peut gagner un fauteuil de député au moins dans la deuxième circonscription [Cognac-Barbezieux et Sud Charente]. Daniel Sauvaitre, le candidat de l'UMP, est un type bien, c'est un chef d'entreprise. Il est dans la réalité, il est capable d'être sur son tracteur dans les vignes ou les vergers et de représenter son secteur professionnel au plus haut niveau. Il a le bon profil pour être député. En tout cas davantage que Jérôme Sourisseau, le candidat du Modem qui a annoncé son intention de voter blanc au deuxième tour de la présidentielle. Pour moi c'est rédhibitoire pour prétendre à la représentation nationale.
ID. Pensez-vous que les législatives vont amplifier, le succès de Hollande ou le contrebalancer?
Pierre-Rémy Houssin. On dit que les candidats qui portent les couleurs d'un nouveau président partent avec un avantage d'un à deux points. Mais souvenez-vous 2007. On avait attribué à Borloo la perte d'une centaine de sièges pour les députés UMP parce qu'il avait évoqué la possibilité d'une TVA sociale avant les législatives qui avaient suivi l'élection de Nicolas Sarkozy. Je veux dire par là que dans le contexte actuel, les votes blancs, la poussée du Front national, je ne serais pas surpris que les électeurs contrebalancent en juin leur vote du 6 mai. Nous aurions alors une cohabitation. Ce ne serait peut-être pas la plus mauvaise solution pour faire avancer les réformes nécessaires dans un climat apaisé.
Propos recueillis par Ivan DRAPEAU
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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