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Pommes et poires de France (suite).

Je viens d'écrire un petit édito pour le rapport d'activité de l'Association Nationale Pommes et Poires. Je le recopie ici pour ceux d'entre vous que cela peut intéresser.

   

Des choix bien mesurés qui pèsent.

 

La récolte 2010 de l’Europe à 27 était la deuxième plus petite des dix dernières années. A l’est, le déficit en quantité et en qualité était significatif. Comme cela était prévisible, les ventes ont donc été plutôt fluides tout au long de la campagne et les stocks à la fin du mois de juillet sont les plus faibles enregistrés depuis bien longtemps.

  

 

La récolte 2011 est prévue en augmentation de 5% par rapport à l’an passé et devrait atteindre 10.2 millions de tonnes. Pour autant, ce chiffre ne fait gagner qu’une place au classement par ordre d’importance des dix dernières récoltes par rapport à la dernière. Des conditions climatiques difficiles ont à nouveau freiné la progression attendue en Pologne et aux alentours. Un marché vide de pommes et une avance de maturité, de une à trois semaines selon les zones de production, fait espérer cette année encore un certain équilibre sur le marché. La perspective d’une demande soutenue de fruits pour la transformation, liée aux retards de fabrication consécutifs à l’offre limitée de l’an passé, devrait permettre des cours assez fermes sur ces destinations.

  

 

De l’autre coté de l’Atlantique, les USA annoncent aussi une récolte légèrement en hausse de 3% par rapport à l’an passé. Mais cette augmentation est presque exclusivement due au Michigan qui alterne fortement depuis plusieurs années sans vraiment nous émouvoir. L’Etat du Washington dont les pommes sont en concurrence avec les nôtres prévoit en revanche une baisse de 2%, en même temps qu’un retard de maturité de quinze jours par rapport à 2010. Dans le même temps, le Mexique, premier client des pommes américaines, prévoit de récolter 20% de plus. La Chine, leader mondial, envisage10% d’augmentation, à la baguette mouillée.

  

 

Pour ce qui nous concerne, nous espérons cueillir 5% de plus que l’an passé. Les fruits seront de belle qualité, de bon calibre et plus précoces de 7 à 15 jours selon les régions. Comme chaque année et cette fois surtout en Provence, la grêle a fait des dégâts localisés extrêmement douloureux pour ceux qui en sont victimes, mais dont l’incidence globale reste limitée.

 

Ces grandes tendances ne suffisent évidemment pas pour prédire ce que sera le marché pour les pommes que nous avons commencées à récolter. Au-delà des grandes masses qui influent sur l’équilibre macro économique de l’offre et la demande, le marché se subdivise en une multitude de segments dont l’interdépendance est plus relative. Chaque variété, calibre, qualité, origine géographique, doit s’analyser séparément en fonction des destinations, de la marque et des relations commerciales de l’entreprise qui en assure la mise en marché. Il faut aussi compter avec l’environnement concurrentiel des autres fruits et les arbitrages fluctuants des consommateurs.

  

 

C’est parce que nous sommes convaincus de cette complexité que nous avons fait du recueil, de l’interprétation et de la diffusion de l’information la priorité du travail économique de l’ANPP à destination de ses membres. Notre participation active à WAPA (World Apple and Pear Association), notre coopération avec les diverses organisations détentrices de chiffres et d’analyses, les réseaux que nous continuons sans cesse de tisser avec les autres pays producteurs pour collecter des informations pertinentes, tout autant que notre progression vers la maîtrise fine de nos données nationales, sert cet objectif. L’espace réservé aux adhérents du site www.pommespoires.fr devient chaque jour une mine d’informations de plus en plus conséquente qui doit nous permettre d’éclairer nos décisions stratégiques ou quotidiennes d’entrepreneurs. Des synthèses ciblées sont aussi diffusées régulièrement à tous les membres par courrier électronique.

  

 

Mais au-delà, les résultats les plus significatifs que nous attendons de cette intelligence économique pour nos comptes de résultat et le dynamisme de la pomme et de la poire en France viendra de l’affirmation, à force d’animation, du réseau des entreprises et des décideurs que nous constituons.

  

 

Réunion annuelle de début de campagne, réunions téléphoniques d’analyse du marché, réunions régionales et nationales d’élaboration de la stratégie collective et des plans d’action liés, écoute individuelle des membres, sont autant d’occasions qui permettent de faire émerger des coopérations et des stratégies d’alliance entre nous tous déterminantes pour l’avenir.

  

 

Nous avons fait un pas décisif l’an passé pour délimiter clairement le périmètre des vergers servis par notre action. Les pommes et les poires dont nous assurons la promotion et la valorisation ont une origine contrôlée. Elles sont toutes issues de parcelles qui respectent la Charte des pomiculteurs de France et susceptibles maintenant d’être identifiées du logo « Vergers écoresponsables ».

  

 

L’opération « vergers ouverts » que nous avons initiée dernièrement a eu un très bel écho médiatique. Cela nous conforte dans notre parti pris offensif de communiquer largement sur notre pratique de l’arboriculture, à visage découvert des hommes et des femmes qui s’y adonnent.

  

  La politique de la pomme et de la poire doit aussi se faire plus que jamais à la corbeille. C’est bien la satisfaction du client qui permet d’obtenir de bons résultats économiques. Des vergers jusqu’à l’étal, nous devons sans cesse rechercher à améliorer la qualité perçue par les consommateurs.

 

Notre engagement dans le Groupement d’Intérêt Scientifique pour les fruits (GIS), la dynamique que nous instituons avec la Charte, la recherche d’accords interprofessionnels pour le respect de critères de maturité et le maintien de la qualité jusqu’au rayon, toutes nos préoccupations doivent tendre vers le développement des ventes par la qualité.

 

  

Aux côtés des champs d’action qui précèdent et qui constituent le quotidien légitime et motivant de tout chef d’entreprise, nous avons malencontreusement ensemble l’obligation d’agir aussi pour que le cadre légal et réglementaire ne pénalise pas trop durement notre compétitivité. Et dans ce domaine il y vraiment fort à faire. Nous venons ainsi d’obtenir d’extrême justesse une dérogation de la part des pouvoirs publics pour utiliser une marière active, comme nos concurrents européens, pour protéger certaines de nos pommes du scald pendant la conservation. Les conditions de cette dérogation sont abracadabrantesques. Elles favorisent, sans justification aucune, une spécialité commerciale au détriment d’autres qui sont tout aussi légitimes. Tout cela parce que les dérogations ne se comptent pas par matière active mais par spécialité commerciale et que le MGRDF veille.

 

  

A l’heure ou la croissance est à la peine en France, il est assez désespérant de devoir lutter au quotidien pour que les normes et les réglementations nationales ne soient pas inutilement plus dures que celles qui s’appliquent pour nos concurrents européens. Il est tout aussi surréaliste de ne pas avoir à nos côtés, avec une attitude proactive, les décideurs politiques et l’administration de notre pays pour relever le défi de la croissance et de la compétitivité.

 

 

L’été très difficile pour la valorisation des productions fruitières et légumières que nous traversons fait ainsi forcément craindre aussi de nouvelles initiatives scabreuses propres à plutôt aggraver encore la situation. Il suffit de se rappeler, entre autre joyeusetés, de la disposition absurde de la contractualisation obligatoire contenue dans la LMA, qui se voulait être une réponse à la crise de l’été 2009 et des prochaines, pour être légitimement inquiet.

 

Pour limiter ces risques de dérives, nous serions évidemment bien avisés de ne pas tenir l’Etat pour responsable des difficultés du marché et nous devrions nous cantonner à demander qu’il démontre son efficacité dans les missions qui lui incombent à nos côtés. La voie la plus radicale pour trouver des solutions à nos problèmes de valorisation des fruits passe par la revendication de la pleine responsabilité des producteurs des prix qu’ils obtiennent sur les marchés, sans faux fuyants.

 

Depuis longtemps déjà, un certain nombre de professionnels dans nos rangs agissaient pour que la normalisation des pommes mises sur la marché s’exprime en poids, en cohérence avec l’outil utilisé pour les peser une à une. Pour servir efficacement les différents marchés à l’exportation et en France, une même segmentation était recherchée pour la meilleure efficacité possible des stations fruitières. Un accord interprofessionnel a ainsi pu être signé en avril de cette année par les huit familles qui siègent à Interfel. Il s’applique depuis le 1er aout de cette année.

 

L’écoute des objections, l’étude d’impact et l’information sont un art difficile. Manifestement pour cet exemple précis l’effet de surprise s’est plutôt substitué à l’anticipation maîtrisée et c’est à l’arrache que les opérateurs appliquent cette nouvelle normalisation. Nous n’avons pas ménagé nos efforts à l’association pour prendre à bras le corps les difficultés qui se sont faites jour depuis quelques semaines. Un travail complémentaire sur la grille de calibrage à partir des possibilités offertes par la réglementation européenne publiée en juin a permis de prendre en considération la quasi-totalité des objections pertinentes qui ont été formulées. La substitution de cette grille à la précédente ne sera qu’une formalité en ce qu’elle se superpose parfaitement à l’ancienne et déplafonne légèrement certaines bornes basses ou hautes des segments. Passé ce tuilage plutôt chaotique, les perspectives deviennent nettement plus positives. Nous allons bien évidemment poursuivre nos efforts pour que cette normalisation soit une réussite parfaite qui serve les intérêts de tous les acteurs concernés.

 

Les chantiers ouverts sont nombreux pour l’association. Le dévouement et l’énergie n’ont pas manqué de la part de nos collaborateurs tout autant que des administrateurs pour progresser sur la voie de l’organisation de l’offre et de la mise en marché des pommes et des poires.

 

La lecture de ce rapport d’activité vous en rend compte.

 

J’ai demandé il y quelques jours à mon homologue italien quel était le secret de la réussite du Trentin Haut Adige. Il m’a fait cette réponse que je vous livre comme un beau programme pour l’ANPP. « Ce qui nous fait réussir n’est pas seulement technique, climatique, agronomique, culturel ou les soutiens publics, c’est avant tout notre capacité à nous asseoir à la même table pour rechercher ensemble comment faire toujours mieux ».

 

Il me semble que nous sommes maintenant bien engagés aussi dans cette voie. Bonne récolte à tous.

 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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