La communauté de communes des 3B associée à Entreprendre en sud Charente va publier un an tout juste après le dossier noir de la RN10 un complément d’arguments
intitulé "la lettre de la N10 E 606" actualisée au 19 septembre 2007. En avant première vous pouvez télécharger cette lettre au format PDF en cliquant sur le lien
ci-dessous. Attention c'est long...
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/20/48/75/La-Lettre-du-19-septembre-2007.pdf
Je ne me lasse pas (enfin si, un peu quand même) de répéter les constats sur lesquels se fondent nos propositions.
La Charente est traversée du sud vers l’est par un corridor de fret composé d’une moyenne de 10000 poids lourds par jour au sud d’Angoulême sur un total de près de
20000 véhicules. Au nord d’Angoulême une partie de plus en plus importante des poids lourds s’oriente vers l’est pour rejoindre la Route Centre Europe Atlantique en destination de l’Allemagne et
de l’est de l’Europe. Ce tracé qui passe par Confolens est le plus court et le plus plat. C’est celui qui a le meilleur rapport qualité prix pour l’énergie consommée au regard des lieux d’origine
et de destination des marchandises transportées. C'est aussi celui qui a le meilleur bilan carbonne.
Ce trafic de fret en transit est l’un des plus importants d’Europe. Il nécessite une route conforme à l’intensité de la circulation et à la spécificité des véhicules
qui l’empruntent. C'est-à-dire une deux fois deux voies au moins, aux normes autoroutières et qui bénéficie des services aux utilisateurs, parkings par exemple, d’un niveau équivalent à ceux
rencontrés dans le reste de l’Europe.
De plus le caractère international de cet axe justifie que le financement de l’équipement soit assuré par le fret qui l’emprunte plutôt que par le contribuable,
fût-il national. Les faibles moyens de l’Etat doivent plutôt être mobilisés pour réaliser la mise à deux fois deux voies de la RN 141 en commençant par dévier les bourgs et les villes les plus
sinistrés.
Cette situation géographique de la Charente au cœur des échanges entre l’Europe du sud et de l’est est aussi une formidable opportunité qui justifie que les
responsables politiques locaux s’en saisissent pour parvenir à un achèvement rapide et simultané de tous les travaux encore nécessaires pour atteindre l’objectif final. Notre département a une
particularité unique en France. Il ne dispose pas d’un seul kilomètre d’autoroute alors qu’il est plus que tout autre traversé par les camions. Il est en revanche contourné par des autoroutes
dont l’une d’elle (A89) est pour le moins peu fréquentée sans être une alternative pour le trafic de l'est Charente. Autant d’arguments puissants pour rompre avec la stratégie précédente qui nous
a conduit à ce très grave sous développement pour ce qui concerne les infrastructures routières, comparativement au reste du pays.
La logique de ce raisonnement me semble chaque jour un peu plus évidente. Ce n’est pourtant pas celui adopté par les grands élus charentais. Le secrétaire
d’Etat Dominique Bussereau semble d’ailleurs s’être rangé à leur demande qui fait le plus consensus en Charente et que l’on peut décrire ainsi. Pas question de concéder la création d’une
liaison autoroutière entre Roumazières et La Croisière. L’Etat doit conduire seul les travaux par l’entremise de la DDE et financer (seul aussi de préférence) la mise à deux voies de la RN 10 et
de la RN 141 jusqu’à Limoges en commençant prioritairement par les déviations de bourg les plus nécessaires, comme La Rochefoucauld et Chabannais. Le tracé de la RCEA doit passer par le sud et
emprunter la seule RN 141 pour desservir Saint Junien et Limoges avant de remonter par l’A20 vers la Croisière. Pour appuyer la justification de ce tracé très politique si fréquent en France, il
est évoqué en Charente l’obstruction à tout autre tracé à laquelle se livreraient les élus de la Haute Vienne.
Cet asservissement charentais à la volonté de la direction des routes d’un chantier permanent en Charente s’accompagne une nouvelle fois des promesses intenables que
l’on entend depuis quarante ans. Bien qu’aucune de ces promesses en ce domaine n’ait jamais été tenue pour ce qui concerne à la fois les délais et les financements, la crédulité
charentaise semble toujours intacte.
Dans ce contexte voilà ce qui est ressorti de la réunion de lundi dernier au ministère en présence des représentants de l’Etat et des grands élus de Charente et
de Haute Vienne.
Des fonds doivent être débloqués pour financer la réalisation de la déviation de Chabannais pour une mise en service en 2012. C’est aussi la date prévue pour la mise
en service de la déviation de La Rochefoucault si les financements ne manquent pas.
Pour ce qui concerne la mise à deux fois deux voies au nord de Barbezieux prévue pour être achevée en 2011 il reste encore à trouver le financement manquant pour que
l’échéance soit respectée. Et pour ce qui concerne le tronçon Reignac Chevanceaux, toujours considéré lui aussi comme prioritaire, il n’est pas possible d’annoncer autre chose que son inscription
dans le futur PDMI qui devrait être connu à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine.
Au regard de ce qu’il en a été des promesses antérieures et de la perpétuation des mêmes méthodes et protagonistes que précédemment il y a tout lieu de prévoir
que rien de ce qui a été dit la semaine passée n’a de chance réelle d’être respecté. Le maire d’Oriolles m’a porté il y a quelques jours la copie d’un article de la Charente libre paru en 2003.
On y voit en photo Dominique Bussereau et une carte sur laquelle sont mentionnées les échéances pour la mise en service des tronçons passés à deux fois deux voies. Reignac Chevanceaux était alors
annoncé pour 2007. Ce sera au mieux 2015 et plus surement 2020. La liaison complète Angoulême Limoges par une deux fois deux voies acceptable peut être envisagée pour 2025 si tout va bien. Pour
que les engagements de l’Etat puissent être entendus et crus il faudrait, au moins compte tenu du passé, qu’ils soient assortis de pénalités financières conséquentes à verser au département en
cas de non respect. Peut-être cela éviterait-il qu’on nous raconte trop de bêtises dont c’est vrai nous aimons bien nous satisfaire. Il est à noter qu'une fois de plus aucun planning écrit
qui engage réellement l'Etat ne sera publié.
L’explication de notre dénuement est peut-être plus occulte finalement. En fait nous sommes sans doute frappés depuis longtemps et encore maintenant par la
malédiction de la cagouille.
J’ai en mémoire à cet instant l’homme de radio Claude Villers lors de l’une de ses émissions sur France Inter. Il avait débuté comme
souvent par une déclaration bien grinçante sur un sujet d’actualité. Pour reprendre ensuite la tonalité attendue pour son créneau horaire il eut cette subtile transition: « mon
producteur à l’habitude de me dire : « êtes-vous sûr que ce soit bien utile de dire tout ça ? Vous avez de la bonne musique, alors, passez-en… ».