3 Mai 2009
La participation aux défilés du 1er mai a donné lieu à deux interprétations opposées selon les nécessités des démonstrations soutenues par les uns et par les autres. La plus grosse participation à un défilé du 1er mai depuis des lustres selon la gauche et les syndicats et une participation nettement inférieure à celles du 29 janvier et du 19 mars pour le gouvernement et la droite.
Chacun est dans son rôle et donne un sens différent à une même réalité. En revanche la prédiction fébrilement jouissive d’une nouvelle explosion sociale comme en 68, soutenue par quelques Cassandre aux motivations ambigües, a perdu en probabilité.
J’ai regardé Ripostes ce soir. L’invité pour le face à face avec le beau Serge était Jean François Copé que j’apprécie de plus en plus et dont je recommande vivement une nouvelle fois le dernier bouquin : « un député ça compte énormément » (Tant pis pour Duncan. Pas Isadora ni David Douglas bien sûr. Alors qui au fait? A moins qu’il n’y ait une lettre en trop et une erreur de frappe au nom générique du commentateur anonyme ?).
Alain Krivine l’historique leader de la Ligue Communiste Révolutionnaire devenu le chantre du Nouveau Parti Anticapitaliste participait au débat. Depuis le début de cette crise de très grande ampleur on entend de toute part que plus rien ne sera jamais plus comme avant après. Pour les uns le capitalisme sera moralisé et régulé et pour les autres nous allons en finir avec le capitalisme et passer à autre chose. Mais à quoi au fait ? Et c’est là qu’il était passionnant d’entendre Krivine qui a eu le temps de réfléchir depuis sa prime jeunesse à une alternative heureuse à l’horreur du système capitaliste. Et bien je vous le donne en mille. Il demande une augmentation de 300 euros pour tous les bas revenus, l’interdiction des licenciements et un prélèvement conséquent sur les bénéfices des entreprises du CAC 40. Pas un mot sur le système alternatif qui nous libérerait enfin de l’horreur capitaliste. En fait on le garde précieusement le système et on gratte par les luttes tout ce qu’on peut lui faire cracher pour les travailleurs. Rien que du très classique et du très normal. Si son frère Emmanuel n’a pas toujours joué la même musique, lui ne change pas de disque. En fait personne ne propose réellement de changer de système. Il y a seulement des différences dans les évolutions de la règle du jeu souhaitées. Avec d’un côté des pas doués capables de casser le jouet et de l’autre, c'est-à-dire à la droite du NPA, socialistes compris, tous ceux qui recherchent à améliorer le système pour qu’il bénéficie au plus grand nombre et atteigne une certaine stabilité. Ces derniers se décomposent encore en au moins deux catégories, ceux qui n’osent pas assumer clairement leur acceptation du capitalisme, de l’économie de marché, de la liberté, de la démocratie libérale, du droit de propriété et de l’Etat de droit tout court et ceux beaucoup moins nombreux, même à droite, qui l’assument et dont j’espère faire partie.
Notre principal handicap, il me semble, pour traverser cette crise majeure vient de l’absence d’un consensus affirmé sur les principes fondamentaux qui régissent notre vie en société. C’est un préalable. Ensuite tous les débats et toutes les oppositions sont possibles sur l’amélioration des règles à promouvoir pour adapter notre organisation collective à l’innovation scientifique, technologique, commerciale et financière qui caracole en tête.
On pourrait tous ensemble gagner un temps précieux en refusant simplement de suivre les leurres habituels qui nous détournent des solutions concrètes.
A part ça je suis allé voir hier soir au Club le film de Philippe Lioret avec Vincent Lindon « Welcome ». Compte tenu des polémiques qui ont suivi la sortie du film sur la supposée loi scélérate qui punit toute personne venant en aide aux étrangers en situation irrégulière, je m’attendais à voir un film engagé abruptement contre cette loi. J’ai eu la très heureuse surprise de voir que le film échappe subtilement à cette simplification réductrice tout en montrant les drames humains qui se déroulent sous nos yeux et qui mettent à mal la légitimité morale de nos régulations protectionnistes. A tout point de vue c’est un très bon film.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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