22 Février 2009
J’ai assisté jeudi à Balandran, près de Nîmes, à une journée technique organisée par le CTIFL et l’INRA intitulée « qualité du fruit et charge de l’arbre ». Yves Lespinasse qui est directeur de l’unité d’amélioration des espèces fruitières et ornementales au Centre INRA d’Angers a introduit la matinée en présentant ISAFRUIT, le programme de recherche européen très ambitieux qui associe 60 instituts de recherche Européens, mais aussi de Nouvelle Zélande et d’Israël, et 200 chercheurs. L’objectif poursuivi par l’Europe avec ce programme est d’augmenter la consommation de fruits en innovant dans tous les domaines qui concourent à l’atteinte de ce résultat. Commencés en 2006 ces travaux doivent se terminer à l’été 2010. C'est-à-dire en même temps que le financement important attribué à ce projet. Le travail engagé, pluridisciplinaire et en réseau, est assez séduisant et prometteur. Au cours de cette journée nous avons d’ailleurs bien pu percevoir l’intérêt et la complémentarité des approches entre chercheurs de différents pays et de sensibilités culturelles contrastées. L’innovation permanente est la condition première du dynamisme en économie et pour ce qui concerne la production de fruits il y a encore de nombreux challenges techniques à relever. Comment produire des fruits appréciés des consommateurs à un prix de revient optimum en consommant moins d’énergie, moins d’intrants, moins de main d’œuvre et tout en se préservant contre les aléas climatiques ? A ces exigences s’en ajoute une autre. Aller suffisamment vite pour réussir avant que les contraintes réglementaires qui pleuvent en ce moment en France et en Europe n’aient fait disparaître les exploitations arboricoles d’aujourd’hui. Ce n’est pas encore gagné.
Au moment du déjeuner j’ai pu échanger quelques mots avec Amos Naor du Golan Research Institute (University of Haifa, Israël) qui intervenait sur les mesures du stress hydrique sur arbres fruitiers. Israël a développé depuis longtemps une vraie expertise en matière de gestion économe de l’alimentation en eau des plantes. Mais c’est sur un autre sujet que j’avais envie de l’entendre. J’avais lu il y a deux ans un reportage dans le Monde sur la vente d’une partie de la production de pommes du Golan sous occupation israélienne à la Syrie dans des conditions très particulières. Je lui ai demandé si cette année encore cette exportation sous haute protection avait eu lieu. Il m’a confirmé que oui, que cette vente contribuait à équilibrer le marché intérieur de son pays. Une partie des pommes expédiées sont produites par les druzes qui se considèrent toujours Syriens, une autre par des israéliens. « Je ne suis pas sûr que les syriens apprécient de savoir que ces pommes proviennent d’Israël mais ils aiment le goût des pommes du Golan » m’a-t-il dit en souriant. J’ai retrouvé l’article du monde intitulé « la diplomatie des pommes » et un autre « les pommes de l’espoir » qui traite du même thème et publié en 2005. Voilà une illustration douloureuse et pourtant porteuse d’espoir du rôle bénéfique des échanges. Je vous en recommande la lecture.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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