24 Février 2006
Le jour de Noël, lors du repas de famille et au moment du dessert, alors qu’envahi d’une douce torpeur je goûtais un début de béatitude, je fus sévèrement rappelé à la réalité par ma jeune nièce Laetitia. Elle, infirmière généreuse et motivée (elle s’est engagée pour une mission humanitaire au Burkina Faso) m’interpellait sur le devenir de l’hôpital de Barbezieux et l’évidente inaction des élus. Son père a renchéri pour dire que sur le maintien de la chirurgie pour cet hôpital la population serait prête à se mobiliser et que cette menace, plus que d’autres, nécessitait d’agir. J’ai dit que c’était de la responsabilité du président du conseil d’administration de nous indiquer les enjeux et la marche à suivre, sans vraiment convaincre. Il leur semblait que mon engagement sur certains projets avait plus de légèreté au regard des enjeux d’un hôpital pour un territoire et une population. j'ai redemandé une réunion d'information dès le lendemain pour connaître les enjeux. elle n'a pu avoir lieu que lundi dernier. J’ai en tête chaque jour ce rappel à l’ordre depuis que l’on m’a très directement interpellé sur la rupture annoncée du service chirurgie. Ma connaissance du dossier est forcément insuffisante à ce jour. Mes intuitions et le mal à l’aise grandissant que je ressens me conduisent pourtant à prendre parti contre les propositions du SROS et les décisions du conseil d’administration de l’hôpital. La réunion qui s’est tenue à Monchaude lundi dernier a été riche d’enseignements en ce sens. Deux appréciations se sont vivement confrontées. Au risque d’être simplificateur je vais tenter de les exposer. Pour ce qui concerne le conseil d’administration de l’hôpital, par la voix de son président, le diagnostic et la stratégie sont les suivantes : un service chirurgie 24 heures sur 24 n’est plus justifié au regard du peu d’interventions qui sont assurées en dehors des heures normales et des jours ouvrés. De plus le coût des astreintes, lié au service chirurgie 24 heures sur 24 pour les équipes mobilisées, plombe le résultat financier de l’établissement et ne rémunère que des avantages acquis pour ceux qui en bénéficient. A cela s’ajoute la volonté inébranlable de l’agence régionale d’hospitalisation qui selon lui sera sans appel. Circonstance aggravante, l’influence politique auprès de l’Etat dee élus de la Charente maritime nuit à l’hôpital de Barbezieux. Et difficulté rédhibitoire particulière, la mésentente interne du personnel médical et le caractère impossible du responsable du service chirurgie annihile par avance toute tentative de résistance à l’évolution souhaitée par l’ARH. C’est pour toutes ces raisons que le président a proposé et obtenu dès janvier l’accord de son conseil d’administration pour l’arrêt de la chirurgie à 18 h et la recherche d’une collaboration étroite avec l’hôpital de Girac pour une chirurgie programmée (planifiée, hors urgences, dite aussi chirurgie froide en opposition à chirurgie chaude liée aux urgences). Cette stratégie ayant pour objectifs conjoints de rééquilibrer les comptes de l’hôpital, augmenter le nombre d’actes chirurgicaux et améliorer les urgences à Barbezieux.
Cette stratégie a été vivement contestée dans l’assemblée avec les tous les arguments qui vont suivre. Dans ce cadre, la présence des défenseurs de l’hôpital de Ruffec a été poignante tant en comparaison ils ont semblé sereinement déterminés pour le maintien d’une chirurgie 24 heures sur 24, avec des arguments très forts opposés à ceux évoqués par Barbezieux. C’est Ferrari l’ancien directeur tout juste à la retraite après son accident de santé qui a donné le la avec cette déclaration : « pour la chirurgie j’ai toujours milité pour le tout ou rien ». Avec flamme il nous a expliqué la cohérence indissociable d’un service chirurgie 24 heures sur 24 avec un service d’urgences. Il nous a clairement expliqué aussi la spirale de destruction du service et d’abandon des patients et des praticiens qui accompagne inévitablement à très court terme l’arrêt de la chirurgie à 18 heures et les jours fériés. Ont suivi quelques convictions fortes du type : « il vaut mieux déplacer les médecins et les chirurgiens que les malades ». « C’est le boulot du directeur de se battre pour faire venir des compétences et nouer des alliances avec d’autres hôpitaux ». La réponse aux besoins des ressortissants du monde rural est toujours bien adaptée pour les hôpitaux de Barbezieux et de Ruffec. La proximité confère une sécurité que les hôpitaux centraux, malgré leur spectre de compétences plus large, ne compense pas forcément compte tenu de leur engorgement et des distances. Les arguments des représentants salariés de l’hôpital de Barbezieux présents à cette réunion sont aussi allés dans le même sens. Ils ont rappelé que les trois hôpitaux de Jonzac, Barbezieux et Ruffec effectuent à peu près le même nombre d’actes par an (environ 1750). Et pourtant par le SROS, Ruffec a 5 ans pour réorganiser son service chirurgie, Barbezieux 2 ans et Jonzac lui ne semble même par pour l’instant concerné. Barbezieux qui partage le scanner avec Jonzac, qui en est le propriétaire, héberge le radiologue qui utilise le matériel. Le travail pendant les heures d’astreintes n’est pas aussi dérisoire que le nombre d’actes payant ne semble l’indiquer. Quand ils comptabilisent les soins de suite, liés aux opérations, qui sont donnés pendant les astreintes ainsi que les préparations de malades qui sont reçus en urgence mais réorientés vers d’autres sites, l’activité devient conséquente et les astreintes ressemblent moins à une sinécure qu’il n’y paraît au premier abord. Les urgences et le service chirurgie 24 h sur 24 répondent a une nécessité pour les populations sur le territoire du sud Charente A entendre Ruffec et les représentants de l'association de soutien à leur hôpital, le dossier de Barbezieux est au moins aussi bon que les autres dossiers d’hôpitaux moins menacés. Si l’on ajoute à cela que le SROS a un vrai vice de forme, tant il a évité la concertation avec les élus pourtant obligatoire, les raisons de s’interroger et de contester sont bien réelles. Les instructeurs du SROS, si j’en crois les bruits de couloirs, ont eu des démarches contestables et leur crédibilité est faible. Et c’est poutant dans ce contexte, alors qu’il n’y avait pas urgence, que le conseil d’administration de l’hôpital de Barbezieux sous l’autorité du Président, en l’absence du responsable du service chirurgie et de quelques autres en congés programmés à ce moment là, a décidé de devancer les attentes de l’ARH et a voté l’arrêt de la chirurgie à 18 H.
Aujourd’hui il me semble que pour la population, les élus et les responsables de tous ordres, il ne peut y avoir pour notre territoire que la position suivante : refus du SROS dans sa version actuelle et travail au maintien de la chirurgie 24 h sur 24. Peu nous importe les problèmes de personnes, l’hôpital de Barbezieux est complètement légitime et indispensable pour assurer une chirurgie 24 h sur 24 en recherchant les coopérations en réseau. Et si c'est possible bien sûr, avec l’hôpital de Girac.
Je dois effectuer d’autres rencontres pour tenter de mieux comprendre les différents aspects du dossier et affirmer plus clairement encore cette position qui je l’espère rencontrera un large soutien. Tous vos commentaires quels qu'ils soient sont vivement souhaités. Le débat ne fait que commencer. A suivre.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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