Je n’ai rien lu de cet auteur plus connu sous le nom de John Le Carré. Je me souviens pourtant, il y a longtemps, d’un ou deux romans rangés dans la table de chevet de mon père qui aimait la littérature policière et d’espionnage. Ils ont du atterrir au grenier sans que j’aie jamais cherché à les lire. J’ai en revanche bien en mémoire un article du Monde paru peu après le 11 septembre 2001 dans lequel John La Carré avait des mots très durs sur la responsabilité des Etats Unis dans l’émergence et la puissance d’Al Quaïda. Il y condamnait aussi par avance la guerre annoncée contre le terrorisme. Il n’a cessé depuis de dénoncer la guerre menée en Irak par Georges Bush et ses alliés. Celui que je croyais être un auteur à succès façon SAS se révélait au fil des articles, romancier politique engagé et en colère. L’anti-américanisme connaissait des jours difficiles et les prises de positions de cet auteur furent très précieuses aux journalistes et largement diffusées par les médias. C’est cette année là qu’il publia « the constant gardener » dont j’ai vu le film qu’en a tiré Fernando Meirelles, dimanche dernier au cinéma le Club à Barbezieux. A la sortie de la projection chacun se demandait si l’histoire était réelle ou bien fiction. la probabilité de l'histoire ainsi que le réalisme des images, des lieux, des hommes et des femmes du Kenya est tel que l’on croit à une reconstitution minutieuse de faits avérés. L'histoire est pourtant plus que machiavélique. Une entreprise pharmaceutique assez diabolique, dirigée par des individus sans scrupules avec la complicité de hauts responsables du foreign office utilisant des cobayes humains en Afrique pour tester une thérapie qui s’avère mortelle pour nombre d’entre eux. Et puis un diplomate réservé, comme il se doit, qui devient un combattant acharné jusqu'à la mort après que sa femme ait été asassinée et qu'il découvre ce qu'avait été son engagement et ce qu'elle avait découvert.
C’est pourtant bien une fiction, mais par l'efficacité du film on ressort convaincu que l'industrie pharmaceutique a forcément eu recours à des pratiques de ce type. Le Carré dit d'ailleurs s'être inspiré de sa découverte de l'industrie pharmaceutique pour ce livre. Le sujet ne peut pas laisser insensible, le film est réalisé avec talent et les acteurs servent magnifiquement le sujet. Ce cinéma est d'une efficacité redoutable. Le réalisateur a réussi là un très bon film qu'il faut voir.
En lisant ce soir les premières pages du futur nouveau best seller de Stephen R Covey qui s’intitule « la 8ème habitude », je trouve cette citation d’Edmund Burke qui donne une explication simple de la nécessité de l'engagement pour tous ceux dont le penchant serait plutôt à rester distant (comme le héros du film) : « tout ce qu’il faut pour assurer le triomphe du mal c’est que les hommes bons ne fassent rien ».