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Les vieilles pierres romanes de Reignac sont bien plus qu’un pigeonnier.

Edito pour le journal de la commune de l’été 2022.

Les vieilles pierres romanes de Reignac sont bien plus qu’un pigeonnier.

Le clocher de l’église et la toiture tout autour accueillent depuis des lustres des nuées de pigeons qui roucoulent et qui chient partout. La cloche peut bien sonner l’Angélus, ils font la sourde oreille. L’accès des combles leur est maintenant heureusement interdit depuis qu’une vaillante équipe de grillageurs bénévoles en ont fermés tous les accès. Mais sur le dessus des très hauts murs, avec des sablières en retrait, il reste un espace suffisant aux volatiles pour nidifier et se mettre à l’abri. Alors pour preuve de leur attachement à l’édifice, ils accumulent jour après nuit des tas de fientes qui finissent par obstruer les courants et les dalles. Lors du gros orage de juin, l’eau a du trouver ici ou là un autre chemin.

Juillet a été très chaud et très sec. Un temps idéal pour monter sur les tuiles sans trop en casser. Grâce aux intrépides, mais bien harnachés, Nicolas Moraud et son fils Jérémie, une toilette bienvenue des toits a pu être faite. Un nouveau rendez-vous de l’été à Reignac vient donc de s’inscrire à notre agenda.

J’ai été élu à Reignac pour la première fois en 1995. Et c’est déjà par les gouttières que l’église Saint Pierre-Es-Liens s’est imposée dans les priorités du conseil municipal. Une première intervention des Compagnons de Saint Jacques en 1998 et c’est rebelotte avec la tempête du 27 décembre 1999 qui endommage gravement toute la couverture. Nouvelle réparation et patatras à nouveau en 2006 quand une panne a versé et entrainé la casse de plusieurs chevrons et le glissement des tuiles.  

Charpente et couverture ont été entièrement revues depuis et mises à neuf sur une partie. Mais nous ne sommes toujours pas au bout de nos peines. Il reste à effectuer à l’automne la même opération sur les dépendances du presbytère. Malgré plusieurs remaniements de tuiles pour pouvoir achever au sec les travaux de rénovation de la sacristie, à chaque mauvais coup de vent, l’eau continue de s’infiltrer. Ce qui retarde la fin pourtant toute proche des travaux sur ce local. Parce qu’après le beau temps reviendra tôt ou tard la pluie…

Ces péripéties irritantes n’entament évidement pas notre enthousiasme devant la beauté retrouvée de l’église au milieu du village. Le 19 juillet, la réception des travaux a mis fin à neuf années d’échafaudages et presque autant de fermeture au public. Le vendredi 5 aout, un concert du quatuor à cordes brésilien « Zuca » programmé dans le cadre de Eurochestries remplira à nouveau les bancs de la nef et enchantera les oreilles et les yeux de tous ceux qui auront eu l’heur de venir.

Nous devons peut-être à Louis de Barberin, le seigneur des lieux mort en 1719, la préservation étonnante du décor peint qui date du début du XVI -ème siècle. Pour ne plus voir que la litre funéraire réalisée tout autour de l’enceinte en mémoire du grand homme des lieux, un blanchissement des parois a opportunément préservé les peintures recouvertes. Plusieurs couches supplémentaires ajoutées depuis ce temps jusqu’à nous ont parfait la conservation des précieux pigments.

C’est ainsi que grâce au savoir faire minutieux des équipes des Compagnons de Saint Jacques et d’Arcoa, sous l’œil expert de Philippe Leblanc, maître d’œuvre et architecte du patrimoine, la quasi-totalité des peintures encore présentes a pu être conservée et restaurée. Quelques manques dans le chœur ont même été reconstitués. L’église de Reignac, en plus de son intérêt architectural et de son histoire mouvementée, se révèle être maintenant une référence pour comprendre et admirer comment étaient peintes et décorées les églises alentour dans les années 1500.

L’importance des travaux réalisés et la splendeur retrouvée de l’édifice justifient que cette année les patrimoniales de Reignac des 10 et 11 septembre lui soient tout entières consacrées.  Les membres de l’association Reignac Patrimoine, conduits par Robert Vieuille leur président, travaillent depuis des semaines à l’exposition qu’ils offriront aux visiteurs pendant ces deux jours. Alexandre Paléologue qui a réalisé une étude très complète sur l’église et ses vitraux sera présent pour assurer le samedi et le dimanche matin une visite commentée qui promet de passionner un public exigeant.

Le conseil municipal officiera l’après-midi du 10 pour rappeler comment ce chantier d’envergure a pu être mené à bien et quelles ont été les bonnes fées parmi l’Etat et les collectivités partenaires qui ont accepté de contribuer au projet. Philippe Leblanc, quant à lui, expliquera comment il a abordé et conduit ce long chantier et qui ont été les artisans et leur rôle pendant ces huit années de travail.  

La restauration que nous allons inaugurer redonne autant d’éclat et de solidité qu’il est possible à l’architecture romane et au décor sculpté obtenus avec des pierres de grison par des ouvriers artistes il y a huit siècles et demi. Au cours de sa longue histoire l’église a par la suite été fortifiée deux fois, au XIV -ème siècle lors de la guerre de cent ans, puis au XVI -ème siècle pendant les guerres de religion. Un chapelle gothique formant collatéral est venue s’ajouter au XIV -ème siècle, puis deux autres au XVI -ème. A la même époque une nouvelle chapelle attenante au chœur est venue remplacer l’absidiole des premiers temps. Et puis pour que l’édifice ne s’écroule pas, c’est aussi dans les années 1500 que de puissants renforts ont dus être ajoutés. L’esthétique d’ensemble s’en est trouvée amoindrie, mais elle est encore debout aujourd’hui grâce à ce contrebutement massif. Un presbytère a été construit sur le côté ouest de la nef au XVIII -ème siècle.

Nombre de péripéties ont aussi rudement jalonné ces siècles. Souvent maltraitée, incendiée et saccagée à plusieurs reprises, un temps laissée à l’abandon et sans couverture après la révolution, cette église a pourtant toujours été réparée avant qu’il ne soit vraiment trop tard.  

C’est aussi notre fierté d’avoir eu la responsabilité à notre tour de redonner du lustre, de la solidité et du temps à ce monument, livre d’histoire de la commune, qui nous relie à au moins 35 générations de Reignacais depuis son érection.

Pour poursuivre cette après-midi dédiée à la redécouverte de l’église après sa restauration, nous avons fait appel à Christian Gensbeitel qui est maître de conférences en histoire de l’art médiéval à l’université de Bordeaux Montaigne (UMR 6034 Archéo Science) pour enrichir notre compréhension de ce que nous aurons sous les yeux.

Un concert avec le groupe Vocalypso viendra clore ce temps d’inauguration et révéler l’acoustique du lieu.

L’église de Reignac est évidemment d’abord un édifice cultuel affecté à la religion catholique. Les fidèles auront donc le privilège de pouvoir participer en fin d’après-midi à la messe qui sera célébrée par l’évêque d’Angoulême, monseigneur Hervé Gosselin. Messe au cours de laquelle sera consacré le très bel autel offert généreusement par Sarah Soulard en 2011.  

Le lendemain, l’exposition se poursuivra et la clôture de ces patrimoniales exceptionnelles se fera ce dimanche après-midi en musique avec le prestigieux ensemble de musique ancienne, Les Sacqueboutiers.

La commune a retrouvé cette année les manifestations dont l’épidémie et les restrictions sanitaires nous avaient privés depuis le printemps 2020. Randonnée du 1er mai, concert, feu de Saint Jean et sa course cycliste. Le 27 aout ce sera la randonnée semi-nocturne. Merci au comité des fêtes, aux bénévoles de faire que la convivialité reprenne toute sa place dans le village. Un coup de chapeau à Bernard Angibaud et à son association cycliste des 4B pour s’impliquer avec constance et mettre la petite reine à l’honneur sportivement à Reignac.

Félicitations aussi aux associations qui ont repris une activité soutenue et qui du terrain de boule ou de foot en passant par nos salles accueillantes réunissent et animent la vie des habitants de la commune plutôt gâtés.

Il y a encore tant et tant à faire qu’il y aurait encore beaucoup à dire. Mais goutons déjà les quelques bonnes nouvelles que je viens d’avoir le plaisir de vous annoncer.

Que votre bel été se poursuive, mais faites aussi qu’il pleuve…

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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