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Kafk’agriculture. Ou comment, bien allumés mais sans une étincelle de bon sens, avec de l’encre rouge et de la paperasserie, de tristes chapeaux à plume sergent major pratiquent la politique de la terre brulée.

L’AMF (Association des Maires de France) a mis en ligne le projet de loi « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable ».

Je l’ai lu sans en croire mes yeux. Mes craintes de la semaine passée étaient malheureusement fondées. Les Etats Généraux de l’Alimentation n’auront donc été qu’un prétexte pour permettre à la haute administration de se livrer à une nouvelle monstruosité bureaucratique répressive de plus.

Les prix agricoles sont erratiques, c’est entendu. Les relations commerciales entre l’agriculteur et son acheteur, c’est souvent le pot de terre contre le pot de fer. Sans doute. Pressuré comme un citron, le paysan est communément exploité comme un serf. Peut-être.

Comment faire alors pour redonner de l’air au cultivateur?

Lui reconnaitre comme tous les autres acteurs de l’économie de marché le statut d’entrepreneur libre qui prend des risques et en même temps travaille pour les limiter? Calmer l’autorité de la concurrence pour lui permettre de se concerter librement avec ses pairs ? L’autoriser à partager toutes les informations utiles à une prise de décision éclairée pour la mise en marché de sa production ? Et plutôt que de le menacer à priori, n’envoyer les gendarmes que lorsqu’une entente abusive lui aurait permis d’obtenir une valeur indue au détriment du consommateur et autant dire jamais?   

Et bien non. Plutôt que ces solutions simples et évidentes qui font les paysans libres aguerris à l’économie de marché et qui réussissent, d’affreuses constructions réglementaires viennent encore d’être imaginées au ministère de l’agriculture comme au château.   

Pas un des auteurs de ce projet de loi n’est capable évidemment de transposer concrètement ce qu’il propose dans le quotidien des entreprises concernées sans les engluer et les paralyser toutes. Qu’à cela ne tienne, plus autistes et aveugles que jamais, nos missionnaires au petit pied de l’économie administrée veulent convertir par la force à leurs dogmes bureaucratiques. Si on ne les arrête pas, la catastrophe est assurée.

J’attends avec impatience les réactions dans le monde paysan. Pour les maraichers et les arboriculteurs, l’expérience désastreuse de la LMAP de Bruno Le Maire en 2010 puis de la loi Sapin 2 de 2016 devrait susciter salutairement la rébellion.

Qu’Emmanuel Macron et Edouard Philippe nous entendent. S’ils sont de vrais libéraux comme je le pense, qu’ils prennent le temps de passer au banc d’essai sur le terrain ce projet de loi. Qu’avec des cas concrets une étude d’impact soit menée sans délai.

L’agriculture n’a pas besoin d’une ligne Maginot inutile de plus pour rééquilibrer la relation avec les acheteurs, faire face à la concurrence ou pour compenser la perte continue de compétitivité du « modèle français ».

Laissons les agriculteurs et leurs acheteurs contractualiser librement comme ils l’entendent dans le cadre réglementaire actuel (libéré quand même de ce que j’ai dénoncé dans le précédent article).

N’imposons pas des contraintes inutiles et absurdes qui n’auront aucun effet d’amélioration sur les prix qu’obtiennent les paysans.

Le compte à rebours avant la déflagration de cette foutue loi et de ses victimes sur ordonnances a commencé.

Entonnons joyeusement les champs fleuris du futur sans les fausses notes d’une  mauvaise loi de plus.

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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D
Franz Kafka était un grand poète, pourquoi le tremper dans cette boue ?
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