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Redressement productif ou soins palliatifs

L'arboriculture fruitière m'a proposé d'écrire un billet d'humeur pour son prochain numéro consacré à la pomme. Au risque de heurter quelques âmes sensibles, je vous en livre la teneur en avant première. Il n'est sans doute pas facile de se faire un point de vue quand on n'est pas spécialiste, mais vous connaissez la très haute estime que j'ai pour vous mes chers et courageux lecteurs.

 

Au mois d’aout, lors d’une réunion informelle en marge de l’Outlook Conference à Chicago, nos collègues américains ont cherché à comprendre pourquoi l’Europe bannissait l’utilisation de la Diphénylamine (DPA) pour le traitement de l’échaudure des pommes. Les motivations invoquées de ce côté ci de l’Atlantique ne leur ont vraiment pas semblé très crédibles. Si la LMR (limite maximale de résidus) pour cette matière active devait comme prévu être abaissée au seuil de détection, l’air dépité, ils nous ont indiqué qu’ils cesseraient alors d’expédier des pommes vers l’Europe. Ils n’envisagent pas un instant de renoncer à l’efficacité du DPA. On pourrait se réjouir que cette interdiction ait pour effet de faire barrière aux importations. Ce serait oublier l’essentiel auquel les américains pragmatiques accordent la plus haute importance. Les marchés en développement sont du côté de l’Asie. L’Europe avec ses 450 millions d’habitants ne détermine plus le cahier des charges de la production aux Etats-Unis ou ailleurs dans le monde.

Avec une pomme sur deux exportées, ce nouvel handicap de compétitivité qui s’ajoute à tant d’autres livrera au bulldozer une part supplémentaire du verger français. La balance commerciale dont le déficit est déjà abyssal s’aggravera encore un peu plus.

Avant d’être probablement réduite à zéro, la LMR du DPA est maintenue à son niveau actuel jusqu’à mi 2013. Cette situation nous a conduit à revendiquer assidument une dérogation pour utiliser cette récolte encore le DPA. Nos collègues Portugais et espagnols en ont obtenu une. Nous avons fini par en avoir une aussi. Mais c’était le 10 octobre, pour deux variétés, Granny et Braeburn et surtout pas pour les pommes qui sont destinées à la transformation.

A cette date là, la récolte de ces variétés est déjà en partie dans les chambres froides et comme un pourcentage des pommes est toujours forcément destiné à faire du jus ou de la compote, la dérogation ne sert à rien.

Des mois de mails, de courriers, d’argumentaires et de rencontres pour finir par cette absurdité ubuesque. Les politiques et l’administration se protègent, Générations Futures et les sénateurs votent à l’unanimité un rapport sur les produits phytosanitaires qui enfonce des portes ouvertes et exaspère un peu plus les producteurs. A ce rythme là, comme le disait déjà Michel Audiard, « le jour est proche où nous n’aurons plus que l’impôt sur les os ».

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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O
<br /> <br /> <br /> <br /> Petite histoire de maïs<br /> <br /> <br /> <br /> par Louis-Marie Houdebine - SPS n°300, avril 2012<br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Lors d’un colloque sur les biotechnologies, Pierre Pagesse, agriculteur et président de Limagrain, a narré un petit fait concernant le commerce du maïs. P. Pagesse<br /> était au Maroc avec une délégation de cultivateurs pour tenter de convaincre les éleveurs marocains d’acheter le maïs français. Les éleveurs en question lui préfèrent en effet d’autres maïs et,<br /> en particulier, celui qui est récolté en Espagne. Après quelques échanges de politesses, les Marocains ont posé la vraie question à leurs yeux : le maïs français est-il transgénique ?<br /> Les Français de répondre avec vivacité, sûrs de marquer un bon point dans la négociation : non, notre maïs est conventionnel. Réponse des Marocains : c’est pour cela que nous n’en<br /> voulons pas.<br /> <br /> <br /> Décryptage : Le maïs espagnol est en majorité Bt, pour la plus grande satisfaction des agriculteurs. Le maïs Bt contient en moyenne moins de toxines<br /> cancérigènes, en particulier de fumosine, que le maïs conventionnel et surtout que le maïs bio. Ces toxines perturbent la croissance des animaux et les cultivateurs marocains ont fait leur choix<br /> en conséquence.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Intoxication alimentaire : une alerte ignorée  <br /> <br /> <br /> Par Yann Kindo<br /> <br /> <br /> <br /> Non, malgré ce que d’aucuns pourraient penser à la lecture de son intitulé, ce petit billet ne porte pas sur l’alerte aux dangers<br /> sanitaires d’un maïs OGM lancée par Gilles-Eric Séralini et l’équipe du Criigen... alerte qu’il a précisément été impossible d’ignorer, tant elle a été médiatisée ces derniers temps. Et tout cela<br /> pour trois rats tumeureux surnuméraires dans une étude très mal conçue1...<br /> <br /> <br /> L’intoxication alimentaire dont nous parlons ici n’a pas fait la une du Nouvel Observateur, alors qu’elle ne concernait pourtant pas des rats de<br /> laboratoire victimes d’une expérience à sensation, mais bien des êtres humains réellement rendus malades. Une intoxication in vivo, en quelque sorte, dans laquelle les victimes ont été<br /> « tous cobayes »... pour avoir consommé de la farine de sarrasin bio !<br /> <br /> <br /> L’information, restée très confidentielle, est disponible sur le portail du Ministère de l’agriculture consacré à<br /> l’alimentation2.<br /> <br /> <br /> On y apprend que, à la date du 12 octobre 2012, dix-huit cas d’intoxication alimentaire ont été recensés dans la région PACA et que<br /> l’enquête a mis en évidence la responsabilité d’une farine de sarrasin bio contaminée par le datura, une « mauvaise herbe » invasive présente au bord des champs et, semble-t-il,<br /> mélangée au sarrasin lors de la moisson. L’intoxication n’est pas vraiment anodine, puisque l’on apprend que « les symptômes décrits sont ceux d’une<br /> intoxication par l’atropine(sécheresse buccale, pupilles dilatées, troubles de la vue, tachycardie, agitation, confusion, désorientation<br /> spatiotemporelle, hallucinations, paroles incohérentes) ».<br /> Le même site nous en dit plus sur le datura, qui est à l’origine de ces symptômes3 : « Le seuil de risque est estimé à une graine de datura pour 10 000 graines de sarrasin. Les graines ayant la même<br /> taille, il n’est pas possible de les séparer par tamisage en moulin, d’où l’importance de la maîtrise des risques lors de la production au champ du sarrasin [...]. Le risque de contamination du<br /> sarrasin étant connu par les producteurs, ceux-ci mettent en œuvre des moyens préventifs pour éliminer les plants de datura dans les parcelles où est cultivé le sarrasin (emploi d’herbicides,<br /> arrachage manuel, repérage visuel…). »<br /> <br /> <br /> C’est donc dans le champ (bio) que l’erreur a eu lieu.<br /> <br /> <br /> Un « lanceur d’alerte » avait pourtant en avril dernier attiré l’attention sur les risques croissants d’intoxication par le<br /> datura, en rappelant une affaire précédente de boîtes de haricots verts contaminés. Il s’agit du journaliste Gil Rivière-Wekstein, sur son site « Agriculture et<br /> environnement »4. L’article, qui<br /> évoquait « un risque de sécurité alimentaire sous-estimé », commençait ainsi : « <br /> Avec la suppression de nombreux herbicides, la progression des plantes toxiques dans les champs s’accélère. La découverte de datura stramonium dans des lots de<br /> haricots verts en mai 2010 ne serait-elle qu’un premier avertissement ? ».<br /> <br /> <br /> Le mode de production « bio » n’est pas forcément ici directement en cause, même si le refus d’employer des herbicides chimiques ne doit pas faciliter la<br /> tâche de lutte contre le datura aux agriculteurs qui s’y sont « convertis ».<br /> <br /> <br /> Mais ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle affaire, après celle bien plus grave des graines germées bio impliquées dans une<br /> intoxication par la bactérie E. coli en juin 20115, vient une nouvelle fois illustrer la fausseté d’une idée reçue en matière de sécurité alimentaire, selon laquelle : le bio serait plus sûr parce que « plus<br /> naturel ».<br /> <br /> <br /> Il est bien des fois où la nature est un danger pour notre santé et où un produit chimique, sous-entendu « artificiel », peut contribuer à nous protéger<br /> de cette menace.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> <br /> <br /> Combien de morts ont été recensés pour avoir mangé des pommes traitées au DPA ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cet article me fait penser aux conséquences des mises aux normes  (pondues par nos technocrates) que rencontrent les éleveurs européens de poules<br /> pondeuses...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les poules pondeuses ou le suicide<br /> économique de l'Europe<br /> <br /> <br /> Poules pondeuses, le retour<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> Fallait pas en mettre !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://french.alibaba.com/products/the-diphenylamine.html<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Diphénylamine<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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