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Demande d'offre.

Je viens de lire les premières pages de l’ouvrage collectif du cercle des économistes auquel s’est joint Eric Orsenna  et qui s’intitule « Un monde de ressources rares ». A la seule vue du nom des auteurs et du titre j’ai ajouté ce livre à mon panier Mollat tant j’ai aimé quelques mois plus tôt « Voyage au pays du coton. Petit précis de mondialisation » pour lequel Eric Orsenna a obtenu le prix des lecteurs du livre d’économie 2006. Cette enquête atypique me parle et me passionne. Elle me renvoie à mon cheminement peu conforme vers  l’entreprise et l’économie. J’ai appris à compter à l’école primaire et plutôt bien, mais par la suite j’ai le souvenir de  ne plus m’être intéressé vraiment aux mathématiques et d’être passé de justesse de classe en classe en entretenant un certain flou sur mes aptitudes pour cette matière.  

Après une adolescence ou rien ne me semblait digne d’intérêt hors l’aventure, le voyage et la quête d’un absolu mystique, j’ai découvert l’économie en prenant ma part de responsabilité dans l’exploitation agricole familiale. J’ai compris très vite grâce à mon expérience décalée et à ma totale impréparation technique que le moteur du développement d’une entreprise ou de l’économie est d’abord immatériel. Tout part toujours d’une idée, d’une envie, d’une offre, d’un projet. Ensuite ou plutôt en même temps viennent le travail, l’argent, la demande, l’organisation, la gestion et les règles.

« Chaque matière première est un univers, avec sa mythologie, sa langue, ses guerres, ses villes, ses habitants : les bons, les méchants et les hauts en couleur. Et chaque matière première, en se racontant, raconte à sa manière la planète.

Cette histoire commence dans la nuit des temps. Un homme qui passe remarque un arbuste dont les branches se terminent par des flocons blancs. On peut imaginer qu’il approche la main. L’espèce humaine vient de faire connaissance avec la douceur du coton. »

C’est ainsi que commence le livre. Je me souviens qu’au fur et à mesure de ma lecture je pensais à ce que pourrait être un autre voyage, au pays de la pomme celui là. Il aurait pour but de mettre en perspective ce que nous vivons avec cette production aujourd’hui et d’imaginer ce que peut-être la suite. Littérature mise à part, j’ai envie de préciser mes idées sur la question. Ce sera bientôt l’objet d’articles sur ce blog. Enfin peut-être.

Entre mes lectures, le meeting de jeudi soir à l’espace Carat, les choses vues et entendues à la télé et à la radio ou les discussions avec les uns et les autres il m’a semblé que la semaine a été particulièrement dense pour l’électeur que je suis au regard des élections à venir.

Mardi Les Echos ont publié un supplément au journal quotidien consacré à l’audit de la France pour évaluer la santé du pays avant la présidentielle ( auditdelafrance.fr ). Il n’est pas facile de résumer sans caricaturer ce travail mais on ressent à la lecture des différents articles que notre pays a des performances assez moyennes et qu’il subit une certaine érosion de sa compétitivité par rapport au reste du monde. Au fur et à mesure du développement rapide des pays émergents la part relative de la France très logiquement diminue, mais semble t-il sans bénéficier, comme c’est le cas pour l’Allemagne, d’un surplus de commandes pour notre industrie. Cette impression qui se dégage du dossier est à évaluer à l’aune des extraits d’un entretien avec Fernand Braudel qui date de 1985, peu avant sa mort, réédité par Le Monde samedi et qui parle de l’identité de la France. Dans la partie consacrée à l’économie il évoque une constante d’un retard français dans ce domaine. Je le cite : « l’inadéquation de la France à la vie économique du monde est un des traits de son identité ». Mais au classement général, comme je l’ai entendu dire par Michel Serres, la France ne s’en tire pourtant pas si mal. En dernière page de ce dossier cinq prix Nobel de l’économie interrogés sur l’état de la France donnent quelques pistes pour nos candidats à la présidentielle. Adaptation à la mondialisation, réformes de notre organisation collective, valorisation du travail pour rompre avec le désenchantement observé chez les français par Edmund Phelps, stimulation de la recherche privée figurent parmi les pistes évoquées et si l’on en croit Paul A Samuelson nous avons besoin pour tenir le cap des réformes d’un leader populaire et persuasif.

J’écris cet article tout en écoutant Laurence Parisot, la présidente du Medef, invitée du Grand Jury RTL Le Figaro. Elle vient à l’instant de pointer un problème français que j’aime aussi dénoncer. C’est le génie créatif des politiques et de nos candidats à l’élection présidentielle pour intervenir dans la gestion des entreprises pour les inciter à évoluer et à faire mieux mais une vraie pauvreté créative lorsqu’il s’agit de réformer l’administration de l’Etat et des collectivités locales qui pourtant relèvent bien de leur responsabilité. Pour l’instant un candidat (François Bayrou) a évoqué la fusion administrative et politique des départements avec Région et les deux autres (Sarkozy, Royal) une clarification des compétences entre les différents échelons administratifs, mais je n’ai pas ressenti que ces dossiers soient prioritaires ni qu’il y ait une très forte volonté d’améliorer l’efficacité de nos très lourds prélèvements obligatoires. De brillants rapports ont pourtant cette année encore été publiés et ce ne sont ni les diagnostics ni les plans d’actions qui manquent. Les entreprises ont plus besoin d’air que de subventions dit Laurence Parisot. Je partage ce point de vue et il m’arrive de penser que les subventions à caractère économique sont plus importantes pour justifier ceux qui les distribuent que pour atteindre un meilleur développement économique.

Pour revenir à l’élection présidentielle le moins que l’on puisse dire c’est que les électeurs pourront choisir en connaissant bien le candidat pour qui ils voteront s’ils font l’effort de s’informer. Lors du meeting de jeudi à Angoulême Philippe Mottet, Henri De Richemont , Philippe Douste Blazy et Jean Pierre Raffarin, (qui de mon point de vue ont fait une très belle prestation, mais je veux bien admettre que je ne suis pas tout à fait objectif), ont chacun à leur manière dressé un portrait assez sévère à la fois de Ségolène Royal à partir d’exemples liés à sa politique régionale et de François Bayrou dont trois d’entre eux ont participé au même mouvement avant l’UMP. Mais ce qu’ils ont dit est très édulcoré au regard de ce que dit Eric Besson, membre démissionnaire de la direction du parti socialiste, dans une interview au Monde à l’occasion de la sortie de son livre dénonciation « Qui connaît madame Royal ? ». Le problème c’est qu’il y a parfaite concordance entre ce que les uns et les autres décrivent à partir de camps et d’expériences différents. Ce n’est pas rassurant mais il me semble qu’il y a une sourde lucidité des électeurs qui commence à poindre. Pour ce qui concerne François Bayrou ce sont les déclarations de Simone Weil qui apparaissent être d’une rare violence sur le personnage et sa crédibilité pour devenir notre président. Là aussi un autre témoignage vient renforcer le point de vue de la mère Veil (je sais, c’est facile), c’est celui d’Alain Lambert, sénateur et ancien ministre du budget présenté par Bayrou comme l’un de ses supporters lors de l’émission Ripostes. Dans son dernier article de blog il le conteste franchement. Chaque jour qui passe me semble donner raison à Alain Minc lorsqu’il annonçait son soutien à Nicolas Sarkozy tout en dénonçant Bayrou, pour lequel il avait voté lors des précédentes présidentielles, pour avoir institué un populisme du centre. Autant sa posture ni gauche ni droite séduit pour l’instant les français, autant elle me semble annihiler son discours par ailleurs rationnel et audible. Dire qu’après son élection des ralliements de gauche et de droite auront lieu tant les politiques sont opportunistes et ont besoin de postes me semble être à l’opposé de ce que ses électeurs potentiels attendent. Une coalition molle et sans conviction d’un extrême centre alibi et au service d’un dirigeant au service de lui-même et condamné à l’immobilisme. Pour bien comprendre la malhonnêteté fondamentale qui préside à sa campagne électorale anti système, lisse et sans heurts, il faut lire le blog d’un concurrent, l’élu socialiste du cognaçais Michel Gourinchas, qui fait une analyse simple et réaliste de cette stratégie pernicieuse.           

Pour être crédible et équitable je dois dire que la proposition de Nicolas Sarkozy de créer un ministère de l’immigration et de l’identité nationale ne me plait pas du tout. Je n’ai pas de doute sur sa motivation ? Je comprends et je partage le parti pris d’une immigration maîtrisée et réussie qui doit être cohérente avec nos valeurs républicaines.

Je pense comme lui que le front national a grandi au début des années 80 grâce aux conditions créées par François Mitterrand, régularisations de sans papiers et annonce du vote des immigrés aux élections locales (qui ont été de bonnes mesures) suivies de l’institution d’un bonne dose de proportionnelle aux législatives pour faire entrer le front national à l’assemblée dans le seul but d’encombrer l’adversaire. Il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas. Une lecture au premier degré est trompeuse sur la pureté des intentions des uns et des autres.

Mais voilà les mots ont un sens et l’identité nationale ne peut pas faire l’objet d’un ministère. L’identité est une résultante, ce n’est pas un projet. L’article du Monde dont j’ai parlé tout à l’heure par la voix de Fernand Braudel le dit si bien. Le point de vue de Tzvetan Todorov dans la même édition du journal montre bien aussi ce qu’il y a d’antinomique entre les principes mêmes d’une démocratie libérale et la maîtrise de l’identité nationale. Ainsi que l’a fait remarquer Simone Veil il aurait été préférable d’annoncer un ministère de l’immigration et de l’intégration républicaine. L'intention et le contenu seraient identiques et les termes seraient sans amiguïté. 

Dans un registre plus local j’ai lu avec attention l’interview du maire de Chabannais dans la Charente libre qui annonce que dans le meilleur des cas si les financements sont au rendez vous la déviation de sa ville ne sera pas opérationnelle avant 2015. A aucun moment dans cet entretien il n’est fait état d’une autre stratégie possible pour répondre aux enjeux de circulation des poids lourds dans le département. Le travail de l’association Axe Nantes Méditerranée et sa proposition de créer une liaison autoroutière entre Roumazières et La Croisière est toujours totalement ignorée par ceux là même qui devraient être les plus motivés pour au moins l'étudier. 

Pour terminer cette semaine je suis devant ma télé à regarder France Europe Express sur la 3. L’invité est ce soir Nicolas Sarkozy. Je n’insiste pas plus auprès de vous sur l’intérêt que je porte à cette émission. A bientôt.

 

 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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